La version intimiste du Requiem de Fauré dirigé par Hervé Niquet
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Gabriel Fauré (1845-1924) : Requiem opus 48. Charles Gounod (1818-1893) : Messe de Clovis. Louis Aubert (1877-1968) : O Salutaris. André Caplet (1878-1925) : Adagio pour violon et orgue. Emöke Barath (soprano), Philippe Estèphe (baryton). Couchane Siranossian (violon). Le concert spirituel, direction : Hervé Niquet. 1CD Alpha Classics. Enregistré en 2022 à la chapelle de Conflans, Charenton-le-Pont. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 59:08
AlphaAvant de donner une version de concert avec un grand orchestre, Gabriel Fauré avait d'abord écrit son Requiem pour un petit ensemble instrumental destiné à sa création à la Madeleine ; c'est cette version que ressuscite Hervé Niquet couplée avec une rare messe de Gounod, elle aussi composée pour chœur et orgue. Deux raretés de Louis Aubert et Caplet complètent ce superbe panorama de la musique sacrée française de la fin du XIXᵉ siècle.
Cette version du Requiem de Fauré surprendra ceux qui ont à l'oreille la partition publiée en 1900 avec accompagnement d'un orchestre complet. A l'origine, en 1890, Fauré, prévoit le petit ensemble qui figure dans ce CD : quatre altos, quatre violoncelles, deux contrebasses, quatre cors, orgue et violon solo dans le Sanctus. La couleur sonore est à la fois plus intimiste et paradoxalement plus théâtrale comme lorsque les cors ponctuent les mots Dies Irae, Dies illa. Sans rivaliser évidemment avec les formidables éclats des Requiem de Berlioz ou Verdi, l'équilibre de l'ensemble fait ressortir plus fortement ces cuivres que l'on entend moins dans la réalisation orchestrale où ils se fondent davantage dans le tissu orchestral. L'interprétation du chœur du Concert Spirituel d'un effectif de vingt-quatre chanteurs donne une transparence et une clarté parfaite à cet effectif réduit, qui répond à celui dont disposait Fauré à la Madeleine lors de la création.
La soprano Emöke Barath chante avec un pathos qui ne dépare pas l'ensemble tandis que le baryton Philippe Estèphe fait preuve d'une émotion contenue et pudique. Reste un point assez surprenant: Hervé Niquet choisit de faire prononcer le latin à la française et non selon la forme liturgique que validera quelques années seulement plus tard Pie X (Motu proprio de 1903). Ainsi lorsque chœur chante « et lux perpetua luceat eis», il prononce « lusséate » et non « loutchéate » comme c'est l'usage dans le latin ecclésiastique. On aurait aimé entendre Hervé Niquet expliquer ce choix renvoyant à une prononciation du grand siècle quelque peu anachronique. Mais pour qui veut entendre une alternative aux lectures symphoniques traditionnelles, cette très belle version fournit une approche particulièrement recommandable.
On salue aussi la pertinence et l'originalité des compléments. La Messe de Clovis de Gounod est une messe brève pour chœur et orgue, sans solistes. Ecrite en 1891 et publiée de façon posthume en 1896 pour le 16e centenaire du baptême de Clovis, elle montre le goût de Gounod pour une religiosité presque intime et dépouillée, inspirée de Palestrina, très loin des fastes orchestraux de la monumentale Messe de Sainte Cécile. Seul regret, l'absence du prélude pour grand orgue et cuivres qui figurait dans la partition originale mais qui tranche évidemment avec la modestie de la messe elle-même.
Deux compléments originaux achèvent de rendre ce disque particulièrement séduisant par leur suavité mélodique évocatrice de la conception de la musique catholique de la fin du XIXe siècle : l'O salutaris pour soprano, chœur, violon, harpe et chœur de Louis Aubert et le court Adagio pour violon et orgue d'André Caplet auquel Chouchane Siranossian prête son lyrisme chaleureux.
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Gabriel Fauré (1845-1924) : Requiem opus 48. Charles Gounod (1818-1893) : Messe de Clovis. Louis Aubert (1877-1968) : O Salutaris. André Caplet (1878-1925) : Adagio pour violon et orgue. Emöke Barath (soprano), Philippe Estèphe (baryton). Couchane Siranossian (violon). Le concert spirituel, direction : Hervé Niquet. 1CD Alpha Classics. Enregistré en 2022 à la chapelle de Conflans, Charenton-le-Pont. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 59:08
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