Paavo Järvi signe une intégrale des symphonies de Mendelssohn plus brillante que romantique

Les intégrales des symphonies de Mendelssohn au disque ne sont pas si nombreuses, peut-être en raison de la difficulté de l'imposante n°2, la symphonie-cantate. Paavo Järvi à la tête de son excellent orchestre de la Tonhalle en signe une gravure, plus brillante que romantique. 

Avec son orchestre de la Tonhalle de Zurich que son prédécesseur David Zinmann avait porté à un remarquable niveau, Paavo Järvi explore méthodiquement le répertoire romantique. Curieusement, les intégrales des symphonies de Mendelssohn ne sont pas si nombreuses au Catalogue, pourtant même la vaste symphonie-cantate reste concise par rapport aux longues symphonies de Mahler si fréquemment jouées de nos jours.

Fidèle à son esthétique Järvi choisit un effectif assez léger et une conception vive et transparente, regardant vers le premier romantisme plus que vers la seconde moitié du XIXᵉ siècle à venir. Un orchestre aux arêtes vives, des timbales sèches et percussives, cette sonorité convient bien et convainc dans la n°1 ou l'Italienne, à peine moins dans une Réformation qui n'évoque nullement Wagner malgré la citation de l'Amen saxon qu'on retrouvera dans Parsifal et n'annonce pas même Bruckner. La vaste n°2 regarde elle aussi plus vers les oratorios de Beethoven ou Haydn que vers la Résurrection de Mahler voire même la n°9 de Beethoven. Mais c'est dans l'Ecossaise que cette conception apparaît la plus réductrice en refusant le romantisme inhérent à l'atmosphère de légende nordique qui donne sa couleur sonore particulière à l'œuvre.

Au total, l'intégrale prise dans son ensemble séduit par son brillant mais reste derrière celle à l'opposé esthétiquement de Karajan, plus grandiose, ou surtout celle d'Abbado avec le London Symphony Orchestra, un des sommets de la discographie du maestro italien par son équilibre miraculeux entre élégance, brillance et passion romantique. Reste à saluer la magnifique prestation de Chen Reiss dans la Symphonie n° 2, il est vrai toujours gratifiante pour la première soprano. Enfin, on reste déçu par l'ajout d'un quatrième CD bien peu rempli qui offre des extraits de la musique de scène du Songe d'une nuit d'été. Le minutage aurait pourtant permis aisément de graver aussi les extraits écartés, chaque mesure de ce petit chef d'œuvre recelant des bijoux de charme et d'élégance ; on reste aussi un peu frustré du choix de l'allemand pour les quelques interventions solistes ou chorales, tant elles sonnent incontestablement mieux dans la langue de Shakespeare.

En conclusion, Järvi signe une intégrale de belle tenue, très classique, mais qui ne traduit qu'une facette du génie de Mendelssohn et ne détrône pas celles d'Abbado ou Karajan auxquelles on pourrait ajouter les références de Masur et Sawallisch.