Le violon enchanteur de Chouchane Siranossian à Venise avec Andrea Marcon

Accompagnée du Venice baroque Orchestra conduit avec tonicité par Andrea Marcon, Chouchane Siranossian consacre son nouvel album à des concertos éblouissants du baroque vénitien.

La violoniste Chouchane Siranossian nous offre un nouvel enregistrement réunissant quatre maitres du baroque vénitien, tous nés à la fin du XVIIᵉ siècle et ayant développé leur art dans la première moitié du XVIIIᵉ siècle. A la suite d'Arcangelo Corelli mort en 1713, ces compositeurs sont tous portés par la fantaisie et la virtuosité. On découvre également ici des concertos peu joués dont le premier du programme, composé par Francesco-Maria Veracini pour huit instruments différents avec la présence de hautbois, trombone et timbales est d'un effet très festif. Pietro Locatelli a développé le style du « Caprice » dans les mouvements rapides, exacerbant la grande virtuosité du violon soliste, ce que développera plus tard Nicolo Paganini. Giuseppe Tartini lui, laisse à la postérité 130 concertos pour violon d'où ressortent une personnalité bien marquée dans l'affirmation de la tonalité et des élans richement ornementés, à la fois intimes et virtuoses.

Quant à Antonio Vivaldi, il est représenté ici avec l'un de ses plus excitants concertos, le fameux Grosso Mogul que Johann Sebastian Bach lui-même n'avait pas omis de remarquer et d'en faire une somptueuse transcription pour l'orgue (BWV 594). Nous sommes face à un concerto d'envergure de plus de 16 minutes présenté de manière traditionnelle en trois mouvements (vif-lent-vif). Il y a quelque chose de féérique dans cette œuvre où le soliste est héroïque et doit affronter mille et une difficultés d'exécution au service d'une totale liberté et d'une fantaisie complètement assumée. Le mouvement central en forme de récitatif nous emmène loin dans des tonalités éloignés et ses élans proches du tzigane. Le long final n'en finit pas d'offrir des multitudes de guirlandes fleuries et crépitantes.

Dans une prise de son précise l'orchestre baroque vénitien, conduit au millimètre par Andrea Marcon fait merveille. Dans cet écrin la soliste peut épanouir à souhait son jeu libre et lumineux. De nombreux passages semblent improvisés pour offrir encore plus de souffle aux inspirations des compositeurs. De tels répertoires sont ainsi révélés dans leurs véritables dimensions à nous donner le vertige, rappelant les fêtes et les émotions de la Venise éternelle.