Le violon de Chouchane Siranossian illumine Bach et ses prédécesseurs
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Œuvres de Johann Sebastian Bach (1685-1750), Carlo Farina (ca. 1600-1639), Johann Gottfried Walther (1684-1748), Georg Muffat (1653-1704), Johann Paul von Westhoff (1656-1705), Andreas Anton Schmelzer (1653-1701). Chouchane Siranossian, violon ; Balázs Máté, violoncelle ; Leonardo García Alarcón, clavecin. 1 CD Alpha. Enregistré en juin 2020 à Dijon. Textes de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 64:22
AlphaC'est un véritable feu d'artifice que nous offre cet enregistrement, qui met en regard des sonates pour violon du jeune Johann Sebastian Bach avec des œuvres de l'école austro-allemande de violon du siècle précédent qui l'ont influencé.
Dès le début du XVIIe siècle, le violon devient en Italie l'instrument roi pour exprimer les passions. Les musiciens italiens s'exportent, à l'image de Carlo Farina qui vient faire carrière à Dresde : le compositeur du Capriccio stravagante apporte avec lui l'art de l'imitation, qui sera porté à son apogée par les Autrichiens Biber et Schmelzer, et que l'on retrouve ici dans la Sonata al imitazione delle campane de Westhoff, où l'on entend clairement l'imitation des cloches sous le bariolage du violon. Ces musiciens développent l'écriture polyphonique du violon avec le jeu des doubles-cordes, dont on trouve de très beaux exemples dans ce programme. Caractéristiques communes de ces pièces qui illustrent le stylus phantasticus : une alternance de sections très contrastées, des ruptures de tempi, une ornementation foisonnante. Tout est fait pour surprendre et émouvoir dans cette musique spectaculaire, théâtrale. Et Bach retiendra la leçon pour sa propre écriture pour violon, d'une expressivité toute vocale.
Déjà apprécié à Namur en juillet dernier, ce programme baroquissime réunit un trio de choc : Chouchane Siranossian au violon, Balázs Máté au violoncelle et Leonardo García Alarcón au clavecin. En effet, le chef charismatique de la Cappella Mediterranea est aussi un excellent continuiste, qui accompagne ici celle qui est souvent premier violon de son ensemble. Le programme s'ouvre sur une sonate peu connue de Johann Sebastian Bach (BWV 1021) dont les mouvements lents permettent d'apprécier la très belle expressivité des interprètes. La sonate de Carlo Farina qui suit offre une explosion de diminutions virtuoses où l'archet dansant de Chouchane Siranossian fait merveille, comme dans la grande Passacaille de Johann Gottfried Walther qui lui succède, tout en contrastes et ruptures discursives.
Sommet du programme, l'unique sonate de Georg Muffat est l'occasion d'admirer l'art de l'ornementation de la violoniste et la très grande liberté de son jeu. Il est admirable de constater que l'extrême virtuosité de Chouchane Siranossian ne se fait jamais aux dépens de la beauté du son. On peut parler de liberté maîtrisée, au service d'un discours quasi vocal et d'une palette expressive sans limites. Pour clore ce récital, l'extraordinaire sonate représentative que Schmelzer fils a empruntée à la Sonate X du Rosaire de Biber en lui donnant le titre de Victoire des Chrétiens, évoquant ainsi la victoire des Autrichiens sur les Ottomans au siège de Vienne (1683). Véritable catalogue d'affects, cette pièce permet aussi une belle variété dans le continuo, avec des effets surprenants au violoncelle. Les passages en doubles-cordes donnent vraiment l'illusion d'entendre deux violons. Et la conclusion pianissimo par le seul violon est un moment extatique. Du très grand art.
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Œuvres de Johann Sebastian Bach (1685-1750), Carlo Farina (ca. 1600-1639), Johann Gottfried Walther (1684-1748), Georg Muffat (1653-1704), Johann Paul von Westhoff (1656-1705), Andreas Anton Schmelzer (1653-1701). Chouchane Siranossian, violon ; Balázs Máté, violoncelle ; Leonardo García Alarcón, clavecin. 1 CD Alpha. Enregistré en juin 2020 à Dijon. Textes de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 64:22
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