Carl Philipp Emanuel Bach : aux sources de l’Empfindsamkeit

Carl Philipp Emanuel Bach, deuxième fils du grand Jean-Sébastien, consacra trois sonates à la viole de Gambe. Les deux premières, en Do majeur et Ré majeur furent vraisemblablement composées à Berlin vers 1745. La dernière en sol mineur, plus moderne dans sa configuration vif-lent-vif, et sa simplicité thématique, est datée de 1759. Chacune d'elles possède une physionomie artistique différente et explore à leur manière les différents aspects de l'» empfindsamkeit », dont CPE Bach fut la personnalité la plus représentative. Ces œuvres dans lesquelles se révèle le génie du fils Bach de Hambourg, laissent transparaître une atmosphère unique. Tous les registres de la viole sont déployés, Bach exploite l'ensemble des possibilités de l'instrument pour exprimer les sentiments humains les plus profonds et toucher la sensibilité de l'auditoire.

Le mariage subtil des deux instruments reste très convaincant. La viole de gambe, instrument typiquement baroque, avec sa voix chaude et profonde s'allie à la richesse du piano-forte, préféré par les interprètes dans la recherche de la sonorité de l'empfindsamkeit. Le violiste donne dans l'expressivité, sans jamais s'emporter. Le piano-forte, en basse continue et soutenu par le violoncelle, ne joue pas seulement un rôle d'accompagnateur, mais un véritable dialogue s'opère, en particulier dans le trio en sol mineur,

A noter la présence dans le disque de deux pièces de Carl Friedrich Abel, ami de CPE Bach et dernier grand virtuose de la viole de gambe. Un adagio plein de fantaisie et un postlude démontrent la richesse de sonorité et la très grande qualité de jeu exigée par ce compositeur.

Ce disque donne envie de découvrir plus en profondeur un musicien au langage moderne et novateur qui fit dire à Mozart : « Il est le père ; nous les enfants. »