Santtu-Matias Rouvali conclut en beauté un splendide cycle des symphonies de Sibelius

Santtu-Matias Rouvali s'est imposé avec son enregistrement des symphonies de Sibelius comme un chef particulièrement inspiré par cette musique à laquelle il donne à la fois tout son mystère et son âpreté, sinon sa sauvagerie. 

Avec ce CD consacré aux deux dernières symphonies de Sibelius, si l'Orchestre symphonique de Göteborg n'a pas la perfection inégalée des Berlinois avec Karajan (DG) ou des Viennois avec Maazel (Decca), Santtu-Matias Rouvali boucle la plus passionnante intégrale récente des symphonies du maître finlandais (Clef d'or ResMusica pour la Première).

Dans l'ample et énigmatique Sixième (1923), la plus secrète du cycle, il domine à nouveau la polyphonie dense et parfois archaïsante de Sibelius. L'une des particularités du compositeur est en effet de construire des partitions dans lesquelles les différents plans sonores se superposent avec une telle richesse que seuls les chefs qui parviennent à clarifier les textures et rendre naturels les enchaînements convainquent et approchent de la vérité de ces pages. C'est tout aussi frappant dans la plus brève et majestueuse Septième (1924) qu'illumine le retour régulier de son grand thème de trombones comme une montagne dont le sommet n'apparaît que par moment. A nouveau, Rouvali obtient de son orchestre de Göteborg une clarté dans l'étagement des plans sonores qui rend chaque épisode impressionnant et mystérieux.

Le complément peut surprendre car l'ultime partition orchestrale de Sibelius, cette musique de scène pour La Tempête de Shakespeare contient trente-six numéros et s'ouvre par un formidable prélude a-thématique qui, bien que l'une des pages les plus saisissantes de Sibelius, n'est pas retenue par  Santtu-Matias Rouvali, lequel se contente de huit brefs extraits de la musique de scène. Il eût été plus cohérent de joindre le formidable poème symphonique Tapiola aux deux symphonies, ou au moins de graver ce prélude. On restera fidèle à l'intégrale de La Tempête jadis enregistrée par Osmo Vänska à Lahti (Bis).

Avec cette intégrale que l'on espère voir complétée par la symphonie avec chœurs Kullervo, Rouvali se place au sommet.

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