Paavo Järvi et la Tonhalle-Orchester Zürich dans la Neuvième de Bruckner

Pour cet ultime jalon de son cycle brucknérien à la tête de l'orchestre de la Tonhalle de Zurich, Paavo Jarvi nous livre un beau témoignage de la Symphonie n° 9 d'Anton Bruckner, à défaut d'une véritable référence.

Déjà enregistrée en 2008 avec l'orchestre symphonique de la Radio de Francfort, Paavo Järvi remet une fois encore cette ultime symphonie inachevée d'Anton Bruckner, dédiée à Dieu, sur le métier avec, cette fois, son Orchestre de la Tonhalle de Zurich. Après une Septième remarquable, une Huitième très convaincante, cette Neuvième, d'une irréprochable plastique orchestrale ne parvient pas à échapper aux critiques formulées lors des précédents enregistrements, relevant un certain manque de ferveur et d'élévation dans le propos.

Le premier mouvement combine avec justesse grandeur et fragilité, lyrisme et inquiétude, solennité et mystère, mais se cantonne dans une immanence très apollinienne de belle facture qui manque un rien de tension et de verticalité, sauf peut-être dans l'incandescente coda ; le Scherzo, massif et terrifiant conjugue les figures grimaçantes des bois avec les attaques farouches des cordes sur un martèlement oppressant qui contraste avec le lyrisme presque primesautier du Trio ; l'Adagio final, celui de « l'Adieu au monde », est mené sur un tempo assez rapide, plus lyrique que douloureux, nimbé d'une lumineuse clarté, hésitant entre ferveur intime et prosélytisme conquérant pour finalement adopter le ton d'une prière sereine et recueillie qui trouvera son aboutissement dans un immense crescendo recrutant tous les pupitres avant que les portes du Ciel ne s'ouvrent sur une coda sereine et apaisée signant les épousailles avec Dieu. Magnifique !