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Astrig Siranossian rend la lumière aux « Invisibles »

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Invisibles. Jean Cras (1879-1932) : Sonate pour violoncelle et piano. Pierre-Octave Ferroud (1900-1936) : Sonate en la mineur. Marcelle Soulage (1894-1970) : Sonate en fa dièse mineur. Astrig Siranossian, violoncelle. Nathanaël Gouin, piano. 1 CD Alpha. Enregistré en avril 2024 à La Grange-Fleuret Music Library de Paris. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 64:21

 

La violoncelliste et le pianiste ressuscitent des œuvres méconnues de , et . Des « Invisibles » tirés de l'ombre.

La violoncelliste nous avait séduit en 2020 avec son album « Dear Mademoiselle » (Alpha), déjà avec son complice le pianiste , où elle rendait hommage à et s'illustrait par la grande variété de son répertoire.

La curiosité de cette jeune artiste est à nouveau mise en avant avec son dernier album, « Invisibles », où elle tire de l'ombre trois partitions oubliées de trois compositeurs français eux-mêmes un peu oubliés, sinon méconnus, de cette pourtant si riche époque du début du XXe siècle.

(1879-1932) fait partie, comme , des musiciens navigateurs et marins. a composé sa Sonate pour violoncelle et piano en 1901, à l'âge de 22 ans, alors qu'il était tout jeune officier de marine, aspirant à bord du Saint-Louis « escadre de la Méditerranée« . Les premières mesures de cette sonate juvénile sont immédiatement emportées par la houle marine. Un lyrisme un peu forcé, mais où l'on sent aussi un vrai souffle qui naît, et qui nous transporte encore plus loin dans les œuvres ultérieures de Jean Cras, notamment le Quintette pour piano et cordes de 1922 ou encore le Journal de bord pour orchestre symphonique. et s'engagent avec passion dans cette sonate dense et longue (près de 30 minutes) dédiée au maître vénéré de Jean Cras, Henri Duparc. Là où le premier mouvement est tout en effusion, l'adagio central est tout en pudeur, où on sent poindre cette sensation d'infini et d'horizons lointains, cette respiration caractéristique de l'œuvre de Jean Cras. Avant un final plus indécis, hésitant entre alanguissement et emportement.

L'atmosphère est toute autre avec la Sonate en la mineur de (1900-1936) qui lui succède. Composée en 1932 et dédiée à Serge Prokofiev, cette sonate est sans ombre, à la fois lumineuse et fantasque. Violoncelle et piano y papillonnent tout au long de trois mouvements rapides, pleins de vie, pour s'achever dans un final abrupt et motorique tout à fait dans la lignée de Prokofiev.

Enfin, l'album s'achève avec une découverte totale, la Sonate en fa dièse mineur de (1894-1970). Encore une brillante élève de restée dans l'ombre (souvenons-nous de la révélation du récent disque consacré à l'extraordinaire Marcelle de Manziarly chez Bis, Clef ResMusica). Composée en 1919, la Sonate de est plus austère que les deux œuvres précédentes, sans doute marquée par le souvenir des temps sombres de la guerre dont elle émerge. Mais derrière les ombres se cache aussi une lumière pudique, notamment celle d'un très beau deuxième mouvement, Nocturne apaisé, page d'une grande plénitude, avant un final vigoureux mais sans violence.

Saluons l'audace et la conviction d'Astrig Siranossian, à la sonorité large et pleine (magnifique violoncelle Gagliano de 1756 ayant appartenu à Sir John Barbirolli), permettant de sortir de l'ombre ces trois œuvres (dont un premier enregistrement mondial pour les sonates de Ferroud et Soulage). Le plaisir de la découverte n'en est que décuplé.

 

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Invisibles. Jean Cras (1879-1932) : Sonate pour violoncelle et piano. Pierre-Octave Ferroud (1900-1936) : Sonate en la mineur. Marcelle Soulage (1894-1970) : Sonate en fa dièse mineur. Astrig Siranossian, violoncelle. Nathanaël Gouin, piano. 1 CD Alpha. Enregistré en avril 2024 à La Grange-Fleuret Music Library de Paris. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 64:21

 
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