À découvrir absolument, La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt dans sa version originale
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Florent Schmitt (1870-1958) : La Tragédie de Salomé op. 50. Chant élégiaque op. 24. Ambur Braid, soprano ; Philipp Staemmler, violoncelle. Orchestre symphonique de la radio de Francfort, direction : Alain Altinoglu. 1 CD Alpha. Enregistré en janvier 2021 et juin 2022 à la Sendesaal de la Hessischer Rundfunk de Francfort. Notice de présentation en allemand, anglais et français. Durée : 69:41
AlphaSuperbe enregistrement de la part d'Alain Altinoglu et de son Orchestre symphonique de la radio de Francfort. Couleurs chatoyantes, rythmes lascifs et harmonies subtiles. Une partition à se réapproprier, et sans doute des mises en scène à prévoir.
Initialement composé pour un effectif d'une vingtaine de musiciens, le ballet La tragédie de Salomé de Florent Schmitt avait été destiné à accompagner le mimodrame de la danseuse Loïe Fuller, laquelle créa l'œuvre au Théâtre des Arts en 1907. Celle-ci fut ensuite arrangée en suite orchestrale, raccourcie et entièrement réécrite pour grand orchestre symphonique, et c'est cette dernière version que Stravinsky, dédicataire, entendit et apprécia quelques années plus tard. Il eut lui-même l'occasion de l'écrire dans une lettre adressée au compositeur. L'enregistrement figurant sur ce CD marque un retour à la version originale de 1907, rarement entendue et enregistrée, une version composée de 22 numéros pour la plupart dansés par Salomé devant Hérode. Il s'agit donc d'une musique éminemment descriptive et programmatique, dont la lascivité et la sensualité, le clinquant orientalisant en moins, n'ont rien à envier à la Danse des sept voiles de la Salomé de Strauss, laquelle venait d'être créée à Paris lorsque Schmitt y donna son propre ballet. À noter que dans ce dernier, la protagoniste ne réclame pas comme récompense pour sa danse la tête de Jean-Baptiste, elle la découvre à son grand effarement dans le numéro final, intitulé « Danse de l'Effroi ».
On reste pantois devant les couleurs, l'énergie et la volupté qui émanent de ces pages, dans lesquelles on pourra sans doute sentir les influences orientales subies par Schmitt lors de ses voyages au Maroc et à Constantinople. À ce titre le « Chant d'Aïça », air oriental chanté par une voix de soprano vers la fin du mimodrame, marque résolument l'influence des derviches tourneurs découverts par Schmitt lors de ses voyages. Certes, on pourra arguer également que diverses influences se font sentir, de Wagner à Rimski-Korsakov pour les sources étrangères, de Dukas à Debussy pour les influences françaises ; le tableau « Les enchantements de la mer » n'est sans doute pas sans quelques liens avec La Mer de Debussy, et l'on pourra ici et là entendre des échos du Prélude à l'après-midi d'un faune. Il n'en reste pas moins que nous avons affaire à une partition littéralement envoûtante, autant par la luxuriance de son instrumentation que la richesse de ses harmonies ou l'audace de ses rythmes. Parmi les moments de choix, on pourra citer « La Danse du paon » et « La Danse des serpents », qu'on rêverait évidemment de voir comme elles avaient été représentées lors de la création.
À la tête de l'Orchestre symphonique de la radio de Francfort, dont il est le directeur musical depuis 2021, Alain Altinoglu fait des merveilles. De toute évidence, ce n'est pas avec vingt musiciens qu'il a réalisé cet enregistrement, et les pupitres de cordes ont visiblement été renforcés. Les instruments solistes – magnifiques solos de hautbois et de cor anglais, notamment, interventions jouissives de la harpe – jouent avec toute la transparence d'une formation de chambre, et le compromis ici atteint entre les couleurs de la version originale et un effectif légèrement étoffé donne entière satisfaction. Le superbe Chant élégiaque, dans la version pour violoncelle et grand orchestre réalisée en 1911, complète fort habilement ce programme, grâce notamment au jeu du violoncelliste Philipp Staemmler. La soprano Ambur Braid prête elle aussi son concours à La Tragédie de Salomé, pour laquelle elle trouve des accents eux aussi capiteux et ensorcelants. Une œuvre indispensable, qu'on s'étonne de ne pas entendre plus fréquemment.
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Florent Schmitt (1870-1958) : La Tragédie de Salomé op. 50. Chant élégiaque op. 24. Ambur Braid, soprano ; Philipp Staemmler, violoncelle. Orchestre symphonique de la radio de Francfort, direction : Alain Altinoglu. 1 CD Alpha. Enregistré en janvier 2021 et juin 2022 à la Sendesaal de la Hessischer Rundfunk de Francfort. Notice de présentation en allemand, anglais et français. Durée : 69:41
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