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La poésie de l’air de cour, entre érudition et émotion par les Musiciens de Saint Julien

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Doux silence. Musiques de Joseph Chabanceau de La Barre (1633-1678), Honoré d’Ambruis (1632-1687), Jean-Baptiste Lully (1632-1687), Bertrand de Bacilly (1621-1690), Robert de Visée (1650-1725), Nicolas Lebègue (1631-1702), Michel Lambert (1610-1696), Antoine Boesset (1587-1643), Charles Couperin (1638-1679), Ennemond Gaultier (1575-1651), Christophe Ballard (1641-1714), Gautier de Marseille (1642-1696). Julie Roset, soprano. Lucile Richardot, mezzo-soprano. Les Musiciens de Saint-Julien : Eric Bellocq, luth, Lucile Boulanger, viole de gambe, Bérengère Sardin, harpe triple, François Lazarevitch, flûte à bec, flûte traversière, musette et direction. 1 CD Alpha Classics. Enregistré enseptembre 2022 à St Michel en Thiérache. Livret en français, anglais et allemand. Durée 62:15

 
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Les Musiciens de Saint Julien s'approprient le répertoire de l'air de cour de la fin du XVIIᵉ siècle et ajoutent les flûtes aux voix de et Lucile Richardot.

L'air de cour naît en France à la fin de la Renaissance et s'installe dans les salons durant la première moitié du XVIIᵉ siècle. Généralement écrit pour une ou deux voix avec accompagnement de luth, il évolue au cours du siècle vers une forme plus ornementée. Les compositeurs lui adjoignent des « doubles », qui sont la reprise richement ornée de la mélodie d'origine. « Préférer la courbe à la ligne droite », tel est le principe de ces variations savantes qui enrichissent le discours de volutes baroques. Support de la poésie de l'époque, c'est un genre très raffiné qui va irriguer les divertissements royaux jusqu'à conduire à la naissance de l'opéra lullyste. Le flûtiste , familier de ce répertoire, a choisi d'associer les flûtes aux voix dans une proximité naturelle : « Une voix précise comme une flûte et une flûte souple comme une voix ». En fonction du caractère des airs (chansons d'amour, airs à danser, brunettes …), il choisit la flûte à bec, la flûte traversière , ou la musette pour les airs d'inspiration pastorale.

Les airs sont ici regroupés par ton, pour constituer des suites comme autant de saynètes contrastées, ponctuées de courtes danses qui apportent beaucoup de variété à ces enchaînements fort bien construits. Selon les cas, la flûte double la voix ou l'habille d'un contrechant, lorsqu'elle ne joue pas elle-même la partie soliste. Dans tous les cas, les doubles sont la règle aux reprises, qu'ils soient écrits ou improvisés. Selon les traités de l'époque, il importe que le texte reste toujours compréhensible et que les diminutions respectent avec naturel la structure de la mélodie et de la prosodie, en s'appuyant sur des silences d'articulation. Ces règles sont parfaitement réalisées par les interprètes, et les voix souples de la soprano et de l'alto Lucile Richardot font merveille dans cet art raffiné et complexe, qui donne toutefois l'apparence d'une belle simplicité à l'écoute. La voix incomparablement veloutée de Lucile Richardot nous offre un air inédit, probablement écrit par Bertand de Bacilly, « J'ay mille fois pensé dans ma douce langueur« . Le choix de la prononciation de l'époque est fait ici avec beaucoup de naturel, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas. Enfin, les instruments ne sont pas en reste dans l'art de la diminution, et les danses elles-mêmes comportent des doubles virtuoses. L'emploi de la musette pour les pièces pastorales apporte un air de fraîcheur dans ce répertoire savant.

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