Premier disque dédié au guitariste baroque Henry Grenerin

La nouvelle proposition discographique du guitariste Bruno Helstroffer, mettant en lumière la vie et l'œuvre d'Henry Grenerin, est une nouvelle déclinaison artistique, après un roman et un spectacle intitulés à l'identique : L'Âme-son.

Ce premier disque consacré au répertoire du musicien du XVII^e siècle se concentre sur son livre de guitare de 1680 dédié au Prince de Conty, en proposant quatre suites des seize pièces que composent ce recueil, le livre étant complété initialement par trois symphonies à deux dessus et basse continue ainsi que trois airs à trois ou quatre parties avec la guitare comme accompagnement. De son côté, Bruno Hesltroffer choisit deux pièces lyriques, avec le soutien de la chanteuse Chantal Santon Jeffery, soit Je meurs sans mourir d'Antoine Boësset (1587-1643) et la troisième partie du Ballet royalle de la Nuict, Récit de la lune, attribué à Jean de Cambefort (1605-1661) : deux ouvrages introspectifs dans la même veine que l'atmosphère générale de cette programmation musicale.

Les Suites en sol mineur et en ré mineur témoignent de l'éternelle confrontation entre la musique dite « populaire » matérialisée par l'utilisation de la guitare, et la musique plus noble représentée par le luth. Le travail compositionnel et technique d'Henry Grenerin (v. 1635-v.1700) fait un pont entre ces deux univers par la profondeur de ces deux pièces pour guitare, que Bruno Helstroffer retranscrit avec sérénité dans le jeu et solidité technique. Ce lien entre ces deux univers ne se limite pas à l'atmosphère choisie, le musicien du XVII^e siècle exploitant le jeu des luthistes de la cour en s'approchant du sfumato sonore de leur style brisé en multipliant arpèges et campanelles, une nouvelle manière de toucher la guitare.

Même si ces suites, organisées en tonalités, s'inscrivent principalement dans la danse, entre menuets, passacailles et gigues (dont la belle Gigue à la manière angloise de la Suite en sol mineur), c'est sans effet de démonstration ou d'exubérance que Bruno Helstroffer se met au service de cette intimité mélancolique ponctuée par des Courantes pleines d'ardeur (Suite en ré majeur) et des Sarabandes empreintes de componction (Suite en la mineur).

Devant une telle variété, l'ajout de deux pièces vocales de deux compositeurs contemporains d'Henry Grenerin (Antoine Boësset et Jean de Cambefort), ne semble pas indispensable pour renouveler l'écoute d'un auditeur avide de découvertes.