Audio, Musique de chambre et récital, Parutions

Andreas Staier compose pour le clavecin

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Johann Jakob Froberger (1616-1667) : Ricercar IV, Méditation sur ma mort future, Fantasia II. Louis Couperin (c.1626-1661) : Pavane en fa dièse majeur. Johann Caspar Ferdinand Fischer (1656-1746) : quatre Préludes et fugues extraits d’Ariadne Musica. Johann Joseph Fux (c.1660-1741) : fugue extraite du Gradus ad Parnassum. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Prélude et Fugue en mi majeur extrait du deuxième livre du Clavier bien tempéré. Andreas Staier (né en 1955) : Anklänge, six pièces pour clavecin : Tempo flessibile, Largo, Con forza, Un poco piu lento del Preludio BWV878/1, Sempre legatissimo, Esitando. Andreas Staier, sur un clavecin Sidey et Ball de 2005, copie d’un Hieronymus Albrecht de 1734. 1 CD Alpha. Enregistré en octobre 2022 au studio Teldex à Berlin. Notice de présentation en allemand, anglais et français. Durée : 66 :57

 

Insérée dans un bouquet de pièces choisies du XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècle, nous fait la surprise d'une série de morceaux écrits par lui-même et nommée Anklänge, qui se présente comme une confluence de nombreuses sources d'inspiration.

Le plaisir de retrouver les grands maîtres du clavecin sous les doigts d'un artiste aussi distingué qu' est toujours intact. Ce CD « Méditation » fait en quelque sorte la suite du précédent album « Pour passer la mélancolie », publié en 2013 chez Harmonia Mundi, et qui posait de magnifiques lumières en clair-obscur sur différentes facettes du spleen baroque. Johann Caspar Fischer revient ici, toujours avec bonheur, mais de façon trop fragmentée et épisodique. Regrettons au passage que ce compositeur, révéré par , ne soit pas mieux servi par les clavecinistes. aurait renoncé à jouer François Couperin, mais son affinité avec Louis (qui est plus intériorisé, plus méditatif) est évidente. Les Froberger sont magnifiques, souples et profonds. La « Méditation sur ma mort future », avec ses dissonances fines, ses rythmes hachés et ses alternances de registre, est rendue avec une élégance et une respiration salutaires qui la font échapper à la dépression pour l'orienter progressivement vers la réconciliation. Une petite merveille.

Or donc, parmi ces pièces éparses des grands maîtres du clavecin baroque, voici une composition d'Andreas Staier lui-même, dont l'importance n'apparait pas sur la jaquette du disque et qui occupe en fait plus de la moitié du concert. « Assonances, réminiscences, résonances…échos… », voilà les sens que l'on peut donner à ce titre Anklänge. Dans la notice de présentation, le claveciniste abonde les justifications techniques de son écriture, résultat d'un jeu subtil de citations, d'allusions ou de reprises techniques savantes que seuls les musicologues comprendront, et d'une réflexion sur la façon d'intégrer Byrd et Bach dans une écriture contemporaine pour un instrument ancien. Tout cela est très érudit, très pourpensé, et somme toute justifié par les pratiques des Anciens eux-mêmes, mais pour le mélomane ordinaire la seule question qui se pose véritablement est : est-ce que cela peut me toucher ?  La réponse est positive.

Cette œuvre de Staier se présente en six parties, un peu comme certaines suites de danses du XVIIᵉ siècle, chaque partie pouvant être perçue comme une crise intérieure ou une réflexion exigeante, et dont l'ensemble présente une évolution méditative vers des moments de sérénité. L'écriture présente des dissonances et des atonalités dont la rugosité surprend, des contrastes saisissants entre des accords parfois brutaux et des silences chargés d'échos (Anklang…), ou encore des accès de virtuosité obsédantes. Dans cette climatologie de l'âme méditante, à la fois violente et policée, domine toujours le son splendide, riche et brillant de l'instrument (une admirable copie d'un Albrecht de 1734). Quand résonnent les notes aiguës du Esitando, leur éclaircie furtive illumine rétrospectivement toutes les parties précédentes. Et quand les toutes dernières notes opèrent la soudure (voulue, forcément…) avec le Prélude et Fugue en mi majeur de Bach, la lumière s'impose durablement. Le repos de l'âme, l'issue de toute pensée ou méditation musicale, c'est Bach. C'est une œuvre hors du temps et des modes que Staier nous propose, même si elle est intellectuellement très liée à Bach et ses presque contemporains. Une œuvre intime, complexe et fascinante, qui mérite davantage qu'un simple succès d'estime.

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Johann Jakob Froberger (1616-1667) : Ricercar IV, Méditation sur ma mort future, Fantasia II. Louis Couperin (c.1626-1661) : Pavane en fa dièse majeur. Johann Caspar Ferdinand Fischer (1656-1746) : quatre Préludes et fugues extraits d’Ariadne Musica. Johann Joseph Fux (c.1660-1741) : fugue extraite du Gradus ad Parnassum. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Prélude et Fugue en mi majeur extrait du deuxième livre du Clavier bien tempéré. Andreas Staier (né en 1955) : Anklänge, six pièces pour clavecin : Tempo flessibile, Largo, Con forza, Un poco piu lento del Preludio BWV878/1, Sempre legatissimo, Esitando. Andreas Staier, sur un clavecin Sidey et Ball de 2005, copie d’un Hieronymus Albrecht de 1734. 1 CD Alpha. Enregistré en octobre 2022 au studio Teldex à Berlin. Notice de présentation en allemand, anglais et français. Durée : 66 :57

 
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