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Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour orchestre ; Concerto pour alto. Amihai Grosz, alto ; Orchestre national de Lille, direction : Alexandre Bloch. 1 CD Alpha. Enregistré en juillet 2022 à l’Auditorium du Nouveau Siècle de Lille. Notice de présentation en français et en anglais. Durée : 61:32
AlphaOn compte sur les doigts de la main les enregistrements du Concerto pour alto de Béla Bartók, son chant du cygne resté inachevé. Il est à l'affiche du dernier enregistrement de l'ONL sous la direction de son chef Alexandre Bloch, au côté d'un Concerto pour orchestre d'anthologie.
Après le succès public du Concerto pour orchestre, le Concerto pour alto de Bartók est une commande de l'altiste américain William Primrose à un compositeur déjà affaibli par la maladie. La partition est laissée à l'état d'esquisse par Bartók qui meurt en 1945. C'est à Tibor Serly (1901-1978), altiste, violoniste et compositeur hongrois, que l'on doit l'orchestration et la finition de ce concerto en trois mouvements (il en était prévu quatre). La version révisée par Péter Bartók et Nelson Dellamaggiore en 1995 ne semble pas être prise en compte dans cet enregistrement.
L'alto y règne en maître, débutant chacun des mouvements qui s'enchaînent à la faveur des transitions rajoutées par Serly. Le premier mouvement très rhapsodique laisse apprécier l'archet libre et sensible de l'altiste Amihai Grosz. La ligne chantée y est d'une admirable souplesse et la cadence à la fin du développement balance entre puissance sonore et virtuosité, découvrant une palette de sonorités des plus raffinées. La mention « religioso » pour le mouvement lent est de Serly. La corde grave de l'alto est d'une belle onctuosité, qui contraste avec l'étonnante clarté de son registre aigu. Le rondo final aux accents populaires laisse briller les musiciens de l'orchestre (des solos épaulent l'alto) autant que le soliste dans un mouvement d'une grande vitalité rythmique où opère sans faillir la synergie des forces en présence.
Chef d'œuvre de l'époque américaine du maître hongrois, le Concerto pour orchestre, de 1943, est une œuvre « de bilan », bartokienne dans l'âme, écrite dans un langage hautement maîtrisé qui résiste au temps. La qualité de l'enregistrement autant que de l'exécution de l'ONL ne saurait nous démentir : beauté des timbres, transparence des textures, ciselure des contours sont autant de qualités dans une Introduzione toute de fraicheur et d'énergie. La couleur est plus acidulée et le jeu tout en rebond dans Giucco delle copie où le choral des cuivres, impeccable, s'inscrit dans un flux alerte et lumineux. L'espace s'ouvre dans Elegia dont la tension expressive et le mystère qui sourd évoquent les scènes du Château de Barbe bleue. La pureté des lignes (relais des bois), les cordes soyeuses et la théâtralité des épisodes font le charme de l'Intermezzo interrotto avant le Finale ébouriffant : trompette haute, canons et fugue redoutables qui font littéralement décoller l'orchestre. L'énergie cinétique, les couleurs et la flexibilité des lignes font merveille au sein d'un orchestre qu'Alexandre Bloch porte vers l'excellence.
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Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour orchestre ; Concerto pour alto. Amihai Grosz, alto ; Orchestre national de Lille, direction : Alexandre Bloch. 1 CD Alpha. Enregistré en juillet 2022 à l’Auditorium du Nouveau Siècle de Lille. Notice de présentation en français et en anglais. Durée : 61:32
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