Plutôt que des explications techniques, c'est le sensible qui est mis à l'honneur dans cette rencontre entre une musicienne et son luthier, ponctuée d'attentes, de doutes, de questions, de choix… et enfin de la découverte d'un nouveau violon.
Le style d'écriture de la violoniste Julie Bonnafont laisse à penser au fil des pages que son texte s'inscrit dans le genre romanesque. Mais pas de rebondissements inattendus pour ce Vibrato écrit durant les confinements qui ont mis au silence les musiciens du monde.
La violoniste de l'Orchestre Symphonique d'Orléans narre avec une simplicité désarmante, en un peu plus de 200 pages, la découverte de son nouveau violon qu'elle voit naître au fil des semaines dans un atelier de luthier. Mais ce serait résumer trop vite la démarche entreprise par la musicienne, tellement les rencontres et les soutiens ont été nombreux pour arriver à cette naissance. Celui tout d'abord du luthier Benjamin Paule qui fait preuve d'une écoute constante pour que ce nouveau compagnon soit conforme aux attentes, et bien au-delà, de sa propriétaire. Celui du calligraphe Yactubeh qui se charge de concrétiser le dessin de la volute sorti tout droit de l'imagination de l'amie de la narratrice. Celui du dernier typographe français Eugène, qui fait revivre le souvenir de son jeune assistant Udo avec l'étiquette apposée au fond du violon. Celui de Julien, musicien tout autant qu'œnophile averti, qui facilite le choix des matériaux nécessaires lors de ses multiples passages dans un atelier particulièrement vivant.
La fluidité de l'écriture et le découpage du texte en chapitres de quelques pages où sont intervertis poèmes et autres « pastilles », rendent la lecture agréable et facile, l'ouvrage se lisant en une paire d'heures avec une douce délectation. En effet, très peu d'éléments techniques composent le texte, l'autrice choisissant plutôt de mettre en exergue, avec justesse, les sensations impalpables que tout musicien vit dans son parcours artistique. Plutôt qu'un récit, ce livre pourrait aussi être qualifié de « témoignage » pouvant expliquer « l'inexplicable » à des auditeurs et des lecteurs peu expérimentés.
L'originalité de cette proposition littéraire est la « bande-son » proposée telle une discographie à la fin du livre. Outil assez artificiel pour une lecture continue, il reste tout de même louable pour un parcours initiatique qui pourrait être mené à petites doses.
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Vibrato. Julie Bonnafont. Editions L’Harmattan. 211 pages. 20 €. Novembre 2023
L’Harmattan