Alpha Classics met à l’honneur les créations du festival de Lockenhaus

Le festival de musique de chambre de Lockenhaus en Autriche a soufflé ses 40 bougies en 2021. Pour célébrer l'événement, le label Alpha Classics présente des œuvres créées à l'occasion de cet anniversaire, donnant ainsi un aperçu de la diversité esthétique des compositeurs d'aujourd'hui.

Succédant à Gidon Kremer mais avec toujours l'implication de son ensemble du Kr, le violoncelliste Nicolas Altstaedt est l'actuel directeur du festival de Lockenhaus. Il est la figure centrale de cet enregistrement comprenant de nombreuses œuvres pour violoncelle. Ainsi, le disque commence par Atlas, concerto pour violoncelle, timbales et cordes de la compositrice Helena Winkelman (née en 1974), œuvre très sombre et mélancolique. Le langage musical n'est pas des plus novateurs mais l'auditeur est accroché dès les premières notes du mouvement initial. Le Sonnet 74 de la même compositrice s'inscrit dans la même veine compositionnelle, comme un quatrième mouvement du concerto précédent, répondant – puisque joué à la contrebasse – de façon plus grave et plus sourde à l'atmosphère mélancolique du concerto. Le violoncelle de Nicolas Altstaedt offre une belle sonorité, avec un son ample même dans les harmoniques du mouvement initial.

S'ensuit une série de pièces très courtes d'esthétiques variées, parfois même post-romantique chez Kurt Schwertsik (né en 1935) (Locken-House/Un-Locked) ou filmographique chez le compositeur et chef d'orchestre Esa-Pekka Salonen (né en 1958) (Two Fragments for Lockenhaus). La brièveté des œuvres ne permet cependant pas d'avoir une vision complète du style de chacun des compositeurs. Dans Ghribizzi de Patkop (né en 1977), pour violon et violoncelle, les deux instruments fusionnent entièrement dans une œuvre offrant une riche exploration des timbres. C'est l'une des pièces les plus abouties du disque.

See : Sea & Seads. Si ! est un concerto pour violoncelle composé par Raphaël Merlin (né en 1982) pour Nicolas Altstaedt. L'œuvre, au message écologiste, est tout en retenue avec quelques éclats virtuoses montrant ainsi les belles possibilités techniques du soliste. Les trois premiers mouvements sont de longues plages sonores assez contemplatives. L'animation du dernier mouvement est une respiration bienvenue mais qui ne rompt pas avec le pessimisme général de la pièce.

Do not prolongg goodbyes de Lera Auerbach (née en 1973), sorte de courte chanson populaire, termine de façon joyeuse ce disque dont l'atmosphère générale, sombre et mélancolique, rappelle les brumes qui entourent parfois le château de Lockenhaus.