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Honnêtes débuts d’une intégrale Tchaïkovski de Paavo Järvi

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Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5 op. 64 ; Francesca da Rimini op. 32. Orchestre de la Tonhalle de Zurich, direction : Paavo Järvi. 1 CD Alpha. Enregistré à la Tonhalle Maag de Zurich, en octobre 2019 et janvier 2020. Notice en allemand, anglais et français. Durée : 74:00

Piotr Ilitch Tchaïkovski : Symphonies n° 2 op. 17 “Petite Russie” et n° 4 op. 36. Orchestre de la Tonhalle de Zurich, direction : Paavo Järvi. 1 CD Alpha. Enregistré à la Tonhalle Maag de Zurich, en octobre 2019 et janvier 2020. Notice en allemand, anglais et français. Durée : 76:10

 

En 2007, gravait pour le label Telarc, la Symphonie “Pathétique” de Tchaïkovski, seule incursion au disque du chef dans l'univers du compositeur russe. L'approche analytique et sans grande personnalité de l'interprétation décevait. Il n'est pas certains que nous soyons plus convaincus, aujourd'hui, par le début de l'intégrale symphonique du musicien estonien à la tête de l'.

Née dans le doute en 1872 et entièrement révisée jusqu'en 1881, la Symphonie n° 2 s'ouvre par la chanson ukrainienne En descendant la Volga, exposée par l'excellent cor solo, Tobias Huber. dirige avec une certaine sécheresse, éliminant le maximum de vibrato aux cordes. Sa conception au “fusain” privilégie la clarté rythmique et polyphonique. L'auditeur, de son côté, subit cette approche univoque qui enferme l'œuvre dans une atmosphère monochrome dont elle ne sortira plus, y compris dans l'élan chorégraphique du second mouvement. En prenant pour base rythmique une cellule beethovénienne, Tchaïkovski crée, dans le Scherzo, un jeu permanent de syncopes aux vents. Les accents rustiques sont restitués sans beaucoup de saveurs, par des premiers violons aux archets durs. Toute l'énergie déployée paraît bien raide, avec des fins de phrases dénuées de tout polissage. En revanche, le finale possède à la fois l'ampleur solennelle que l'on attend et une progression dramatique qui n'est pas sans évoquer le style de Borodine. C'est le mouvement le plus inspiré de cette version.

Les trois dernières symphonies de Tchaïkovski forment ce que l'on désigne comme étant le “cycle du destin”. « L'idée principale de la symphonie entière est le fatum, cette force funeste qui s'oppose à la réalisation du bonheur auquel nous aspirons » écrit le compositeur. La Symphonie n° 4 est, par ailleurs, marquée par le fiasco du mariage du compositeur avec son élève Antonina Milioukova. De manière incompréhensible, Järvi s'en tient à une lecture à la fois massive et dénuée de tensions. Il ne favorise guère la personnalisation des pupitres, y compris dans le thème de l'Andantino in modo di canzona porté par le hautbois de Kaspar Zimmermann. La réalisation se révèle bien “extérieure”. Le Scherzo repose sur un air populaire présenté par les cordes jouant en pizzicato. L'orchestre se métamorphose en une immense balalaïka. La danse animée par les bois croise une marche militaire des cuivres. Malgré un matériau sonore aussi riche et composite, Järvi délivre une interprétation bien peu habitée. Le finale est brillant à souhait. On reste sur notre faim.

La Symphonie en mi mineur approfondit l'idée du « cycle du destin » dont le thème exposé dans l'Andante initial s'inspire d'une marche lente. Une fois encore, la lecture manque d'engagement. L'Andante cantabile con alcuna licenza réserve, ici, une place quasi concertante au cor, une place excessive qui cache une lecture sans véritable enjeu. La valse de l'allegro moderato feint d'avoir oublié tout élément tragique, comme s'il s'agissait d'une parenthèse pleine de charme et de sérénité. Dans le finale dont le côté rhapsodique cumule des climats opposés, plusieurs thèmes se superposent avec une liberté digne de la Faust Symphonie de Liszt. À défaut d'être originale, l'interprétation s'en tient à une efficacité tout à fait estimable. On pouvait espérer bien davantage.

La bonne surprise vient de Francesca da Rimini, cette fantaisie symphonique d'après Dante. L'organisation des climats, la finesse du tissu rythmique font appel à une mise en place des plus précises afin que la démesure du propos n'échappe pas au contrôle de ses interprètes. L'orchestre se révèle plus engagé, porté – enfin – par un souffle narratif, et le désir de surpasser la virtuosité de l'écriture orchestrale. Voilà une version de belle tenue, mais loin d'atteindre les références de la discographie, de Bernstein à Svetlanov, en passant par Dorati, Jansons, Markevitch et Mravinsky.

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Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5 op. 64 ; Francesca da Rimini op. 32. Orchestre de la Tonhalle de Zurich, direction : Paavo Järvi. 1 CD Alpha. Enregistré à la Tonhalle Maag de Zurich, en octobre 2019 et janvier 2020. Notice en allemand, anglais et français. Durée : 74:00

Piotr Ilitch Tchaïkovski : Symphonies n° 2 op. 17 “Petite Russie” et n° 4 op. 36. Orchestre de la Tonhalle de Zurich, direction : Paavo Järvi. 1 CD Alpha. Enregistré à la Tonhalle Maag de Zurich, en octobre 2019 et janvier 2020. Notice en allemand, anglais et français. Durée : 76:10

 
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