Les sonates en trio de Dandrieu servies par la fougue du jeune Consort
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Jean-François Dandrieu (1682-1738) : Six sonates en trio. Arcangelo Corelli (1653-1713) : trois sonates en trio op. 4 n° 1, op. 2 n° 8 et n° 12. Ensemble Le Consort. 1 CD Alpha. Enregistré en octobre 2018 à la Maladrerie Saint-Lazare à Beauvais. Durée : 61:45
AlphaPour ce premier enregistrement de l'intégrale des Six sonates en trio de Jean-François Dandrieu, l'ensemble Le Consort a choisi de mettre en regard l'œuvre française avec des sonates italiennes de Corelli qui l'ont inspirée.
Les organistes et les clavecinistes connaissent bien Dandrieu, qui a laissé pour leurs instruments respectifs une œuvre d'une grande qualité d'écriture. Enfant prodige du clavecin (son heure de gloire fut d'avoir joué devant la Princesse Palatine à l'âge de 5 ans), c'est comme organiste de Saint-Merry puis de la Chapelle Royale sous la Régence qu'il se fit une grande réputation parmi ses contemporains. Ses sonates en trio, forme italienne par excellence, furent publiées en 1705 : elles sont l'œuvre d'un jeune musicien brillant à la réussite flamboyante.
On y entend l'influence de Corelli dans les contrastes, l'énergie des mouvements rapides, l'expressivité des retards harmoniques dans les mouvements lents, tout un monde de couleurs et d'affects. Dandrieu intitula une de ses pièces de clavecin La Corelli, preuve de son admiration pour le maître de la sonate en trio. Ces sonates tiennent une place importante dans l'œuvre de Dandrieu : il transcrivit pour l'orgue les deux premiers mouvements de quatre de ses sonates qui devinrent des Offertoires dans son Livre d'orgue publié à la fin de sa vie.
Le Consort a été fondé en 2015 autour du claveciniste Justin Taylor et du violoniste Théotime Langlois de Swarte. Avec ce premier enregistrement instrumental, il se place d'emblée parmi les meilleurs jeunes ensembles baroques. Parfait équilibre des voix, science des contrastes, grande expressivité de l'ornementation, liberté des phrasés, tout est là pour rendre à cette musique son énergie et sa sensualité. Dans la Sonate en sol mineur, présentée par les interprètes comme « l'étendard de (notre) vision de la sonate en trio », le mouvement lent central, introduit par une improvisation au clavecin, est un sommet de lyrisme où la vocalité des violons fait merveille. Remarquable aussi par le raffinement de son ornementation, la Sarabande de la Sonate en si mineur d'Arcangelo Corelli.
L'acoustique de la Maladrerie Saint-Lazare et la qualité de la prise de son rendent à la perfection la lisibilité des voix. On sera enchanté par la précision impertinente des pizzicati dans le Vivace de la Sonate en la majeur de Dandrieu. Et l'Adagio de la Sonate en do majeur de Corelli est un véritable manifeste pour l'expressivité chromatique à l'italienne, dont Dandrieu s'est emparé avec tout le génie français pour porter à l'incandescence les goûts réunis. Ce disque est un feu d'artifice.
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Jean-François Dandrieu (1682-1738) : Six sonates en trio. Arcangelo Corelli (1653-1713) : trois sonates en trio op. 4 n° 1, op. 2 n° 8 et n° 12. Ensemble Le Consort. 1 CD Alpha. Enregistré en octobre 2018 à la Maladrerie Saint-Lazare à Beauvais. Durée : 61:45
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