Brillante clôture de l’intégrale Schumann par Eric Le Sage

Après Reine Gianoli, Karl Engel et Jörg Demus dans les années 1970, Eric Le Sage est le quatrième pianiste à aborder au disque toute l'œuvre pour piano de Robert Schumann (avec pour le pianiste français la musique de chambre avec piano en «bonus»). Débutée en 2006, l'année du 150e anniversaire de sa mort, cette intégrale se clôt l'année du bicentenaire de sa naissance avec ce onzième volume où se côtoient chefs-d'œuvre, pièces mineures et quelques raretés.

La majorité des pages importantes pour piano de Schumann datent des années 1830-1839, période intimement liée à sa rencontre avec Clara Wieck, pianiste virtuose qu'il réussit finalement à épouser en 1840. De cette décennie prolifique, on trouve en particulier sur ce volume les Variations Abegg (sa première œuvre publiée), la Toccata, le Carnaval, les Scènes d'enfants, l'Arabesque. C'est le cas également d'une découverte intéressante, des Etudes sur un thème de Beethoven, pièces virtuoses sur l'Allegretto de la Symphonie n°7.

Le deuxième disque contient des opus plus tardifs, beaucoup moins connus, notamment un hommage à Bach avec les Sept pièces en forme de fughette, et son testament musical, un thème et des variations (comme l'opus 1) connu sous le nom de Geistervariationen, que Schumann compose peu de temps avant d'être interné, au moment où il tente de se suicider en se jetant dans le Rhin en février 1854.

Eric Le Sage confirme ici les bonnes impressions suscitées à l'écoute des précédents volumes. Par la qualité de son toucher, sans aucune dureté, il aborde avec aisance aussi bien le Schumann élégant, passionné, virtuose (Variations Abegg, Toccata, Carnaval…) que le Schumann plus intime, poétique, mélancolique (Scènes d'enfants, Thème et variations…). On lui sait gré par ailleurs de porter autant de soin aux grands recueils qu'aux pièces rares.

Une belle prise de son participe au plaisir qu'on éprouve à l'écoute de ce dernier volume d'une intégrale qui a le mérite de faire (re)découvrir nombre de pages loin d'être anecdotiques et pourtant si souvent négligées des interprètes.