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La résurrection d’Andromaque de Grétry

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André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) Andromaque. Karine Deshayes, Andromaque ; Maria Riccarda Wesseling, Hermione ; Sébastien Guèze, Pyrrhus ; Tassis Christoyannis, Oreste. Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles, directeur : Olivier Schneebeli, Le Concert Spirituel, direction : Hervé Niquet. 2 CD Glossa ref GES 921620-y. Code barre : 8424562216204. Enregistré en X-2009 salle Henry Le Bœuf du Palais des Beaux-Arts à Bruxelles. Notice, superlative, en français. Durée : 88’47.

 

Les Clefs d'or

Presque deux cent trente ans après sa création, l'Andromaque de Grétry a revu le jour, d'abord en concert au Théâtre des Champs-Élysées puis au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, en attendant une version scénique au festival Radio-France de Montpellier en juillet prochain.

Le présent enregistrement, fruit de la collaboration du Centre de Musique Baroque de Versailles et de la fondation Bru-Zane de musique romantique française, a été effectué en parallèle avec les concerts, offrant ainsi la perfection du studio tout en conservant en partie l'excitation du direct.

L'œuvre est surprenante en elle-même. Conçue pour l'Académie Royale par un compositeur plus connu pour ses opéra-comiques, qui avoue pourtant dans ses mémoires qu'aucun ouvrage ne lui avait « coûté moins de peine », elle semble une sorte de synthèse entre le dramatisme et la violence de Gluck et un style galant typiquement français. On se sent en permanence tiraillé entre l'horreur des situations : sexe, meurtre et sacrifice d'un enfant, et leur traduction émotionnelle dans une sorte d'univers bourgeois avant la lettre : Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui protège son fils… On comprend que les spectateurs de l'époque se soient sentis désarçonnés au point de laisser cette Andromaque tomber dans l'oubli, après l'incendie qui détruisit les décors, un an après sa création !

La musique est pourtant fascinante, constituée de cellules brèves, pas plus de deux ou trois minutes chacune, d'où n'émerge aucun grand air à proprement dit, à part l'impressionnante scène finale de la folie d'Oreste. L'action se déroule très vite, sans temps morts, une heure vingt de musique haletante. Les chœurs, abondamment utilisés, à la fois chœur antique passif et conscience morale des protagonistes, offrent des passages particulièrement élaborés. L'orchestration raffinée est bourrée d'idées qu'on ne retrouvera que des dizaines d'années plus tard, tel le silence soudain sous la phrase » Quoi Pyrrhus va mourir » au beau milieu d'un monologue d'Hermione, réellement saisissant. L'élégance de la langue, pour une grande partie issue de la pièce originale de Racine, ajoute au plaisir. Un œuvre-charnière, indéniablement séduisante, à écouter plusieurs fois pour en appréhender les subtiles beautés.

L'équipe réunie pour la défendre est superlative, à commencer par , opulente Hermione, dessinant un beau portrait d'amoureuse blessée, loin de l'hystérie généralement associée au personnage. Moins bien servie par la partition, qui la destine à un rôle de victime uniformément passive, fait valoir toutes ses qualités de timbre et de technique. est un brillant Oreste, héros fat, tout en muscle, et néanmoins amant galant. est un impressionnant Oreste, particulièrement dans sa scène de folie finale, maîtrisant une tessiture très longue. On appréciera particulièrement la diction de chacun d'entre eux. L'orchestre et le chœur du Concert Spirituel, sous la direction d', est suffocant d'à-propos.

Pour compléter le tout, l'objet est magnifique. Un coffret à posséder de toute urgence !

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André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) Andromaque. Karine Deshayes, Andromaque ; Maria Riccarda Wesseling, Hermione ; Sébastien Guèze, Pyrrhus ; Tassis Christoyannis, Oreste. Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles, directeur : Olivier Schneebeli, Le Concert Spirituel, direction : Hervé Niquet. 2 CD Glossa ref GES 921620-y. Code barre : 8424562216204. Enregistré en X-2009 salle Henry Le Bœuf du Palais des Beaux-Arts à Bruxelles. Notice, superlative, en français. Durée : 88’47.

 
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