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Chostakovitch croit en Dieu !

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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°14 op. 135. Julia Korpacheva, soprano ; Petr Migunov, basse. MusicAeterna, direction : Teodor Currentzis. 1 CD Alpha 159. Enregistré au théâtre d’opéra et de ballet de Novossibirsk en juillet 2009. Notice bilingue (français-anglais) picturale, musicale et illustrations de la séance d’enregistrements. Durée : 64’23’’.

 
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Évacuons tout de suite le doute distillé par le titre de cette chronique : ne croyait pas en Dieu, absolument pas, et la noirceur de sa Symphonie n°14 consacrée au thème de la prison et de la mort contribua à le fâcher avec l'ami dissident et très croyant Alexandre Soljenitsyne. Il lui conservera néanmoins une immense admiration.

Voilà que les époques changent. Les abîmes d'angoisse athée suscités, creusés dans l'âme de Chostakovitch par des décennies de système politique soviétique, ont été retranscrits avec une flamme livide et purificatrice dans les enregistrements pionniers de Rudolf Barchaï et Kirill Kondrachine. Ils ne peuvent plus être exprimés aujourd'hui dans la même ardente communion, car les artistes qui ont vécu ce que Chostakovitch a connu ne chantent plus ou sont morts. Depuis la Russie a été traumatisée par la ruine créée par Gorbatchev – c'est du moins le seul mérite qu'elle attribue à celui qui est le chouchou des occidentaux – et elle se reconstruit sur la grandeur de son ère tsariste et soviétique. À Novossibirsk, à 2 800 kilomètres de Moscou et tout près des terres d'Islam, dans le seul opéra de l'Oural à l'Extrême-Orient, on a l'immensité pour soi et la religion autour de soi.

Derrière l'apparent paradoxe d'une pochette et d'un livret qui se construisent sur le visage de l'Archange Michel peint par Andreï Roublev au XVe siècle pour commenter une œuvre athée, ce disque signe l'entrée de la Symphonie n°14 dans une nouvelle ère, le passage à une nouvelle génération, où la foi succède au doute. L'interprétation respire large, dans des horizons de steppe et de spiritualité. La musique de Chostakovitch ne se révolte pas, au contraire elle se plie à cette nouvelle vision. Comme tout grand texte, elle offre de multiples interprétations. Elle s'offre aux questions de notre génération, comme elle portait le flambeau de la révolte de ceux qui l'ont fait naître. Portée par un ensemble et son chef très inspirés, elle est la nouvelle musique russe de notre temps, et elle nous fascine autrement.

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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°14 op. 135. Julia Korpacheva, soprano ; Petr Migunov, basse. MusicAeterna, direction : Teodor Currentzis. 1 CD Alpha 159. Enregistré au théâtre d’opéra et de ballet de Novossibirsk en juillet 2009. Notice bilingue (français-anglais) picturale, musicale et illustrations de la séance d’enregistrements. Durée : 64’23’’.

 
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