Benjamin Alard, de l’humilité de l’interprète

«Exercices pour le clavier comprenant les Préludes, Allemandes, Courantes, Sarabandes et autres galanteries écrits pour charmer l'âme des amateurs par Johann Sebastian Bach (…) Opus 1, édité par l'auteur en 1731». C'est en ces termes sur la page de garde que paraissent les six Partitas pour clavier de Bach, après qu'il les eut publiées séparément entre 1726 et 1730. Benjamin Alard, à la fois claveciniste et organiste, débute ainsi avec ce disque une intégrale des quatre volumes de Clavier-Übung publiés du vivant de Bach.

Les Partitas sont des recueils de danses figurant parmi les sommets de la musique pour clavier de Bach, les pièces qui les composent étant très variées, contrastées. Il réalise ainsi une sorte de synthèse entre la rigueur germanique du contrepoint, l'élégance, la majesté et l'art de l'ornementation à la française et la fantaisie, la virtuosité à l'italienne.

Contrairement à son aîné Gustav Leonhardt (Virgin, 1986), Benjamin Alard effectue les reprises, mais ornemente relativement peu. Jouant ici un instrument allemand d'Anthony Sidey, le jeune claveciniste propose une belle interprétation de ces œuvres très souvent enregistrées, que ce soit au clavecin ou au piano. Le toucher est souple, élégant, expressif, les tempos jamais précipités et il se dégage une sorte d'évidence dans la mise en place, la construction, même si certains pourront trouver cette démarche trop sage. L'instrument ne sonne pas dur, le propos n'est jamais brusque ou tape à l'œil dans les danses rapides (gigue de la BWV 825, Capriccio de la BWV 826…). On admire également la lisibilité dans les nombreuses fugues qui parsèment ces pages (gigues des BWV 827, 828, 829, 830).