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Dijon, Auditorium, 17-05-2014. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Le Nozze di Figaro, opéra-bouffe en quatre actes sur un livret de Lorenzo Da Ponte. Mise en scène : Richard Brunel. Scénographie : Chantal Thomas. Costumes : Axel Aust. Lumières : Dominique Borrini. Avec : Thomas Bauer, il Conte Almaviva ; Sarah-Jane Brandon, la Contessa ; Maria Savastano, Susanna ; Riccardo Novaro, Figaro ; Olivia Vermeulen, Cherubino ; Anna Maria Panzarella, Marcellina ; Paolo Battaglia, Bartolo ; Emanuele Giannino, Basilio ; Joseph Shovelton, Don Curzio ; Magali Arnault Stanczak, Barbarina ; Erick Freulon, Antonio. chœur de l’Opéra de Dijon (chef de choeur : Mihály Menelaos Zeke), Orchestre Dijon Bourgogne et . Direction musicale : Jonathan Cohen
Mettre en scène Le Nozze di Figaro est une gageure : cet opéra faisant partie de la liste des ouvrages lyriques les plus connus et les plus appréciés du public, on est forcément tenté de chercher une porte d'entrée pour une mise en évidence originale d'un sens nouveau à donner au propos théâtral.
Richard Brunel place donc l'action dans un cabinet d'avocats des années cinquante, et tente de faire comprendre que les situations théâtrales mélangent sphère publique et sphère privée de la vie des protagonistes. Un point de vue diversement apprécié lors de la création de cette production à Aix-en-Provence.
Ce décor fait immanquablement songer aux films américains en noir et blanc, transposés ici en couleurs sépia, avec accumulation de dossiers et d'employés affairés auxquels il ne manque plus que les manches en lustrine… Les espaces sont modulables et mobiles, et permettent effectivement cette perméabilité entre intimité et profession juridique, puisque le Comte est présenté comme un personnage qui doit rendre la justice. Mais, Dieu que cela rend ce cadre terre à terre ! Heureusement que la musique de Mozart est là pour donner du piquant au déroulement de l'action, sinon on pourrait se croire dans un reality show ! La transposition du scénario dans d'autres lieux et temps n'est pas à rejeter a priori, mais ici elle alourdit inutilement le propos et semble artificiellement plaquée comme un effet de mode. Les actes trois et quatre sont moins malmenés de ce point de vue, et les blocs modulables servent bien la scène finale. On ne voit pas toujours la raison des changements d'éclairage : ceux-ci baissent t-ils d'intensité lorsque les sentiments exprimés sont plus intenses ? Soyons prosaïques : si l'action ne se déroule qu'en une seule journée, ne doivent-ils pas diminuer qu'au moment de la scène finale ?
Il a fallu un certain moment à l'orchestre pour trouver sa vitesse de croisière et sa réactivité : l'ouverture menée tambour battant par Jonathan Cohen n'a pas résisté à ce tempo usuel et déçoit un peu, car les traits des cordes sont trop approximatifs, et des décalages entre bois et cordes, minimes il est vrai, sont perceptibles. Il y en aura encore quelques-uns avec les chanteurs au premier acte, puis l'équilibre entre les voix et l'intensité de l'orchestre se fait ; l'air de Figaro Non più andrai est totalement réussi de ce point de vue.
La distribution vocale est un peu hétérogène. Si Anna Maria Panzarella (Marcellina) et Paolo Battaglia (Bartolo) manquent de souplesse et de puissance, on regrette que Barbarina (Magali Arnault Stanczak) et Antonio (Erick Freulon) aient des rôles si brefs. Riccardo Novaro campe un Figaro tour à tour astucieux, jaloux ou amoureux avec beaucoup d'aisance vocale. Olivia Vermeulen est remarquable par sa spontanéité juvénile et la fluidité de son chant dans Voi que sapete. Sarah-Jane Brandon confirme son talent surtout dans Dove sono, et dans son duo avec Suzanne à l'acte trois. On avait déjà remarqué Maria Savastano dans le rôle de Serpetta de La Finta Giardiniera : celui de Susanna confirme la vivacité de sa voix claire, à la diction précise et à la musicalité sans apprêts. On est convaincu par le jeu et la voix souple de Thomas Bauer, qui nous montrent un personnage sans beaucoup de scrupules : à quand le rôle de Don Giovanni ?
Les opéras de Mozart ne laissent pas beaucoup de place aux chœurs, et c'est bien dommage, car ceux-ci confirment ce qu'ils avaient laissé entrevoir dans la représentation de Peer Gynt : leur dynamisme et leur justesse ornent, avec l'humour voulu par le metteur en scène, la fraîcheur de leur interventions.
Crédit photographique : Olivia Vermeulen © Gilles Abbegg
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Dijon, Auditorium, 17-05-2014. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Le Nozze di Figaro, opéra-bouffe en quatre actes sur un livret de Lorenzo Da Ponte. Mise en scène : Richard Brunel. Scénographie : Chantal Thomas. Costumes : Axel Aust. Lumières : Dominique Borrini. Avec : Thomas Bauer, il Conte Almaviva ; Sarah-Jane Brandon, la Contessa ; Maria Savastano, Susanna ; Riccardo Novaro, Figaro ; Olivia Vermeulen, Cherubino ; Anna Maria Panzarella, Marcellina ; Paolo Battaglia, Bartolo ; Emanuele Giannino, Basilio ; Joseph Shovelton, Don Curzio ; Magali Arnault Stanczak, Barbarina ; Erick Freulon, Antonio. chœur de l’Opéra de Dijon (chef de choeur : Mihály Menelaos Zeke), Orchestre Dijon Bourgogne et . Direction musicale : Jonathan Cohen