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Atelier lyrique, concert 2014 au Palais Garnier

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Paris, Palais Garnier. 07-V-2014. Œuvres de Gioachino Rossini, Gaetano Donizetti et Vincenzo Bellini. Andreea Soare, Armelle Khourdoïan, Olga Seloverstova, sopranos ; Agata Schmidt, mezzo-soprano ; Kevin Amiel, Oleksiy Palchykov, ténor ; Piotr Kumon, Tiago Matos, barytons ; Pietro Di Bianco, baryton-basse ; Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Manlio Benzi

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C'est un incontournable des fins de saisons lyriques à Paris, l'occasion pour les jeunes élèves chanteurs de l'Atelier Lyrique de se montrer sous leur plus beau jour sous les ors de Garnier.

manlio_benzi_2Cette année encore, on salue le travail de préparation sous la direction d'Irène Kudela, pianiste, chef de chant et directrice des études musicales. Pas facile en effet, pour ces candidats à une carrière professionnelle, de négocier  un exercice qui tient autant du radio crochet pour public averti et du numéro d'équilibriste de haut vol. Les plus aguerris débarquent à l'aise sur la scène, tandis que d'autres dissimulent mal leur stress. Le programme exclusivement italien est impitoyable, alternant buffo (Rossini et Donizetti) et serioso (Bellini par trois fois). Il faut arriver la voix échauffée pour quelques minutes périlleuses, avec un intransigeant et pas toujours décidé à offrir le plus confortable des écrins…

L'ouverture de Cenerentola tarde à se mettre en route, il faut arriver à mi parcours pour que la machinerie tourne à plein régime et sans décalages entre pupitres. Le baryton entame le Come un ape de Dandini, le medium légèrement compassé et la vocalisation prudente. Le jeu d'acteur prend efficacement le relai d'une inhabituelle âpreté de timbre rappelant qu'on n'en est qu'au début du programme et qu'il faut essuyer les plâtres. Les défections consécutives de João Pedro Cabral et Andriy Gnatiuk raccourcissent sensiblement l'enchaînement Rossini-Donizetti, ce qui nous vaut de rester dans une palette sombre avec la mezzo . Grâces soient rendues aux organisateurs de nous avoir épargné la niaiserie de la version française du O mio Fernando de La Favorita de Donizetti… L'abandon expressif manque à une interprétation qui ne fouille pas dans les notes graves pour rebondir vers le sol aigu. Ce sont là de minces réserves au regard d'une admirable émission et une couleur homogène. Moment de grâce également avec le piquant numéro du baryton basse italien dans le comique et polyglotte Medaglie incomparabili du Voyage à Reims de Rossini. La démonstration de force dans la superbe caractérisation le laisse à bout de souffle dans la péroraison et le contraint à bondir et caracoler après un orchestre qui ne l'attend pas… On temporise d'emblée avec le cor solo qui ouvre l'air de Giulietta dans I Capuleti e i Montecchi, comme pour mieux dérouler le tapis rouge au soprano noble et altier d'. Entre idéal contrôle du souffle et longues lignes suspendues, on admire le galbe des phrases belliniennes. La harpe égrène mollement en arrière-fond un discours vaguement lénifiant. Pour un peu, le soin apporté aux intonations   produirait le coloris diaphane d'une sculpture vocale à la Canova, d'une propreté assez inexpressive.

Kevin Amiel ouvre la seconde partie avec le Povero Ernesto, rare moment de recueillement dans le Don Pasquale de Donizetti. L'engagement évident a pour contrepartie des aigus étroits et une sècheresse persistante dans l'émission. La montée rayonnante vers le registre supérieur culmine sans s'ouvrir tout à fait, faute d'une agilité suffisante et la perception de l'effort sous le masque.

La soprano fait rapidement oublier le terne , victime du manque d'enjeu de l'air de Riccardo (Ah per sempre…). Son extrait de La Cambiale di Matrimonio de Rossini puise toute sa difficulté dans l'alternance des climats. Les diminuendi, parfois combinés à des accelerando offrent la possibilité d'apprécier une aisance à l'esthétique parfaite mais très corsetée. Descentes de notes et ornementations à nu obligent à un resserrement dynamique vers la conclusion, comment pourrait-il en être autrement avec ce crescendo de cordes lancées à toute vitesse à ses trousses ?

La dernière parenthèse Donizetti est tout entière consacrée à la scène Aldina – Nemorino de L'Elisir d'amore. et campent brillamment ce jeu d'amour impossible et comique entre les deux personnages. Avec beaucoup de mauvais esprit, comment ne pas y voir un joli pied de nez à la triste actualité des relations internationales ? La palme revient à la magistrale furtiva  lagrima que le ténor ukrainien adresse à sa bien-aimée. La surface vocale y explose avec brio, sans dénaturer la noblesse du vibrato. Les belles envolées, quoique très sages, d' cèdent en ampleur à ce fier et beau tempérament. Avec Elodie Hache, on reste sur les sommets d'une seconde partie décidément très exigeante. La jeune soprano conquiert de haute lutte l'air d'Imogene dans Il Pirata de Bellini (« Sorgete… Io sognai ferito, esangue »). Cet everest bel cantiste, heureusement écourté par l'absence des parties dialoguées, trouve là une interprète de premier choix à la dimension physique incontournable. La pâte vocale est remarquable de densité dans les graves et d'une expressivité étourdissante dans les changements de registres – un grand moment.

On nous pardonnera de trouver assez convenu l'humour du quatuor « Si che unito a cara sposa » de la Scala si Seta, non que les protagonistes démérite en quoi que ce soit mais par effet d'accumulation dans une seconde partie de programme sans doute trop fournie…

Crédit photographique :  © DR

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