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L’ensemble Sillages en concert à Saint Merry

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Eglise Saint Merry. 7-III-2014. Javier Torres Maldonado (né en 1968): Segundo Libro del Canto Alado pour clarinette et quatuor à cordes (CM); Alex Mincek (né en 1975): Ali pour saxophone alto; Pendulum IV pour flûte, saxophone ténor, violon, violoncelle et contrebasse; Allain Gaussin (né en 1943): Chakra pour quatuor à cordes; Le vent se lève pour flûte, clarinette, harpe et quatuor à cordes; Francisco Guerrero (1951-1997): Concierto da camera. Stéphane Sordet, saxophone; Ensemble Sillages; direction Renaud Déjardin.

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stmerry-2L', sous la houlette de son directeur artistique , rend un vibrant hommage au compositeur , tout juste 70 ans, avec la sortie d'un CD monographique que l'ensemble vient de graver sous le label Ameson. Les musiciens de Sillages connaissent bien l'écriture singulière et exigeante d' qu'ils jouent depuis fort longtemps. En concert à l'église Saint-Merry, ils avaient inscrit au programme de la soirée deux oeuvres du compositeur dont une création parisienne très attendue.

Le concert débutait par une oeuvre du compositeur mexicain , Segundo Libro del Canto Alado (second Livre du Chant Ailé) que le compositeur vient de réviser. Ce second Livre (comme tous les Livres pairs) se consacre aux pièces pour soliste et ensemble. Ici la clarinette côtoie le quatuor à cordes au sein d'une écriture énergétique et très mouvante. Les cordes souvent dans le sillage sonore de la clarinette, créent, dans cette acoustique généreuse, une hybridation des timbres très subtile. Ali pour saxophone solo (en hommage à MuhammadAli, le boxeur) du new-yorkais est une pièce courte et très pulsée, jouant sur l'énergie du son souvent saturé et l'engagement physique de l'interprète. , véritable performer, en restituait parfaitement l'allure « combattive ». Nous entendions, du même compositeur, Pendulum IV sollicitant une formation tout à fait atypique, flûte contrebasse, saxophone ténor, violon et violoncelle; le mouvement pendulaire est savoureux entre cordes aigües et mugissement des vents graves jusqu'à ce qui le mécanisme se dérègle et que les parties instrumentales s'animent pour réinstaurer un nouvel espace-temps.

La musique de est très rarement jouée; musicien espagnol à la destinée tragique – il meurt brutalement à l'âge de 46 ans – il fut l'un des premiers à utiliser la théorie des fractales dans la composition, mise à l'oeuvre aujourd'hui par son élève Alberto Posadas. Son Concierto da camara (1978) est une oeuvre aussi courte que concentrée, qui développe des solos d'une grande intensité (violoncelle, flûte) au sein du groupe instrumental. La polyphonie complexe qu'engendrent les six instruments fait naître un miroitement de couleurs et une tension du discours qui captent l'écoute. A la tête de l'ensemble, en cisèle très précisément chaque détail.

C'est le quatuor à cordes Chakra d', qui était mis au programme de la soirée avant la création de sa nouvelle oeuvre. La pièce, qui figure dans le nouvel album déjà cité, est créé en 1985 par les Arditti; elle n'a pas pris une ride tant la musique y est puissante et l'écriture inventive. La conception très élaborée d'une matière sonore mouvante et souvent incandescente, générée par des modes de jeu multiples – notamment l'usage de plectres très spectaculaire – déploie une gamme de sonorités inouïes au sein d'un continuum sonore saisissant. Sous les archets des quatre musiciens de Sillages magnifiquement concentrés, jaillit toute l'énergie qui gorge la musique et lui donne sa fulgurance.

Sous la direction exemplaire de , l' donnait cette fois en création parisienne Le Vent se lève. S'il l'on reconnaît immanquablement le style du compositeur, la nouvelle oeuvre d'Allain Gaussin – qui fait référence ici au poème bien connu de Paul Valéry, Le Cimetière marin – relève d'une liberté de geste et d'une séduction sonore accrues: sans doute par la richesse du dispositif qui ajoute, aux instruments de prédilection du compositeur, la harpe pour laquelle il a encore assez peu écrit. L'écoute est d'emblée captivée par la constellation lumineuse du début idéalement réverbérée par la voûte de Saint Merry. Le traitement des cordes dont les sonorités se répandent en nuages de sons crée de véritables illusions acoustiques. Flûte, clarinette et harpe s'enroulent ensuite dans un même mouvement spiralé pour décrire des trajectoires vertigineuses dans une fluidité et une transparence étonnantes. C'est dans la liberté du geste dessinant ses figures dans l'espace que va s'achever la pièce, aspirée par le souffle d'un vent léger.

Crédit photographique : Saint Merri 2010. © J-Ch Déhan

 

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