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Voyage au bout de la nuit avec Andreas Staier et Georg Nigl

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Dijon.Auditorium, 09-II-2014. Winterreise, Le voyage d’hiver, cycle de 24 Lieder composés en 1827 par Franz Schubert (1797-1828). Andreas Staier, pianoforte, et Georg Nigl, baryton.

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Andreas Staier - Opéra Dijon©Gilles AbeggDès les premières mesures de Gute Nacht (bonne nuit), , au pianoforte Friedrich Hippe de 1820, nous entraîne dans une marche inéluctable, colonne vertébrale de ces vingt-quatre Lieder ; y joint bientôt sa magnifique voix de baryton, et ce voyage à deux nous conduit vers la solitude de la mort. On a la gorge serrée d'émotion : l'angoisse, la révolte, puis l'abandon à la destinée, l'attente trompeuse, sont autant de sensations émotionnelles que vont transmettre les deux interprètes qui savent nous rappeler que ce cycle fut composé par Schubert une année avant sa mort.

L'instrument que joue est superbement adapté à ce répertoire : il est capable d'être velouté comme dans le début de Der Lindenbaum (le tilleul), mais il peut aussi adopter une sonorité quasi populaire dans le très viennois Frühlingstraum (rêve de printemps). Die Post fait apprécier le passage du cor de la poste dans des sonorités nettes, et les chiens grondent dans le lointain dans Im Dorfe (au village).

Le pianiste sait exactement choisir l'expression de chaque note, et il établit un dialogue constant et approprié avec le chanteur ; ils ont travaillé chaque détail, chaque changement d'humeur de la partition pour arriver cependant à en donner une vision d'ensemble cohérente. Ainsi, chaque Lied est un tableautin qui participe à la description de ce voyage désolé et solitaire qui est celui de chacun d'entre nous.

a déjà une carrière bien remplie derrière lui, que cela soit dans le domaine du chœur, du Lied et surtout de l'opéra, et sa rencontre avec fera sans doute date. Ses talents d'acteur se retrouvent dans cette interprétation, sans toutefois l'alourdir par des effets incongrus : ses graves sont empreints de désolation dans Gefrorne Tränen (larmes gelées), sa ligne vocale possède un legato impeccable et planant dans Die Krähe (la corneille), et dans Einsamkeit (solitude) il sait annoncer Der Leiermann (le joueur de vielle) par la simplicité de son chant si désolé.

Sa technique sans accrocs lui permet d'avoir une homogénéité sans faille, que ce soit dans les aigus, où il a presque la clarté d'un timbre de ténor, ou dans les graves sombres de Der greise Kopf (la tête grise).
Il peut se permettre de détimbrer légèrement pour évoquer des moments rêveurs sans que cela rompe la continuité de la phrase musicale. Enfin, il n'a pas peur de donner sa puissance comme dans Der stürmische Morgen (le matin orageux).

Andreas Staier a dit de qu'il « nous tutoyait comme un ami ». Ainsi, Winterreise nous interpelle avec des questions métaphysiques éternelles, et nous touche par sa vision romantique et désolée du voyage de la vie. Ce message que nous comprenons tous, et Andreas Staier nous le transmettent par une interprétation émouvante par sa simplicité, et par les respirations amples qui la parcourent.

Crédit photographique : Andreas Staier – Opéra Dijon © Gilles Abegg

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Dijon.Auditorium, 09-II-2014. Winterreise, Le voyage d’hiver, cycle de 24 Lieder composés en 1827 par Franz Schubert (1797-1828). Andreas Staier, pianoforte, et Georg Nigl, baryton.

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