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Nantes. Théâtre Graslin. 20-III-2011. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Falstaff, comédie lyrique en 3 actes sur un livret de Arrigo Boito. Mise en scène : Patrice Caurier et Moshe Leiser. Décors : Christian Fenouillat. Costumes : Agostino Cavalca. Lumières : Christophe Forey. Avec : John Hancock, Falstaff ; Tassis Christoyannis, Ford ; Véronique Gens, Alice Ford ; Amanda Forsythe, Nannetta ; Luciano Bothelo, Fenton ; Elena Zilio, Quickly ; Leah-Marian Jones, Meg Page ; Colin Judson, Caïus ; Eric Huchet, Bardolfo ; Jean Teitgen, Pistola. Chœur d’Angers Nantes Opéra (direction : Sandrine Abello), Orchestre National des Pays de la Loire, direction : Marc Shanahan
Cette nouvelle production de Falstaff suscitait beaucoup d'attentes du fait de la présence de Véronique Gens, dans un répertoire qui n'est pas celui auquel on l'associe habituellement même si elle a déjà chanté le rôle à Baden-Baden, mais aussi du tandem de metteurs en scène auquel Angers Nantes Opéra doit quelques unes de ses plus évidentes réussites depuis 2004. Ces attentes n'ont pas été trahies et le public nantais a plébiscité tous les protagonistes de ce spectacle.
Pourtant, Patrice Caurier et Moshe Leiser n'ont pas emprunté la voie la plus facile en situant l'action à l'époque contemporaine et en refusant toute référence shakespearienne. Un bar-pension méditerranéen, un intérieur bourgeois compilant toutes les aberrations de l'ameublement et de la décoration des années 1970, un arrêt de bus en bordure de la forêt sont le cadre de l'action. Nannetta écoute son ipod tandis qu'Alice fait du vélo d'appartement. La mise en scène joue du décalage en permanence, et tout fonctionne grâce à un habile dispositif pivotant et à des costumes jouant du mauvais goût avec une grande gourmandise (le survêtement rose d'Alice !). L'action est animée de façon classique, émaillée de trouvailles qui font mouche et déclenchent les rires. C'est ainsi que la corbeille est jetée dans la Tamise par quatre installateurs d'une célèbre chaîne d'électroménager. La volonté de dépoussiérer un classique, que nous avions personnellement jugé inaboutie dans Tosca, trouve ici sa pleine réalisation.
Mark Shanahan fait équipe pour la troisième fois à Nantes avec les réalisateurs. Sa direction est rythmée, précise et spirituelle. Il se montre très attentif aux chanteurs mais, dans les pages orchestrales, sait mettre en valeur les couleurs de l'orchestre auquel il autorise des envols saisissants. La distribution vocale, en revanche, se révèle assez disparate, même si tous jouent la comédie avec plaisir et talent. Passons sur le Caïus vociférant de Colin Judson et la pâle Meg de Leah-Marian Jones. Elena Zilio fait parler son métier dans un rôle qui lui est familier mais la voix n'y est plus, en particulier dans un registre aigu désormais bien usé. Amanda Forsythe séduit davantage par son physique adolescent que par une voix impersonnelle et parfois tendue, hormis quelques jolis piani.
Au registre des satisfactions, nous retrouvons le ténor brésilien Luciano Botelho, qui avait ici-même ses débuts français en 2007 en Comte Ory. Le timbre est séduisant, le chant raffiné, et l'accent d'une parfaite franchise. Tassis Christoyannis arrache son personnage à sa coutumière raideur et déploie une belle vis comica jusqu'à la limite de l'excès parfois. Qu'importe, nous rions, et les moyens vocaux sont au rendez-vous pour caractériser un Ford atypique et convaincant. John Hancock, d'une imposante stature, aborde le rôle titre avec une voix très saine, une parfaite projection et un chant maîtrisé de bout en bout. Dans le même temps, l'acteur impose un personnage grandiose malgré sa disgrâce physique, jamais pitoyable et même plutôt menaçant en début de représentation, un Falstaff tout aussi inhabituel et qui marquera les esprits. Enfin, Véronique Gens mène le jeu avec une grâce infinie. L'admirable tragédienne prend un plaisir évident à jouer la comédie et use des séductions multiples d'une voix à pleine maturité pour assurer le succès d'un spectacle des plus roboratifs.
Crédit photographique : John Hancock (Falstaff) ; Leah-Marian Jones (Meg Page), Elena Zilio (Mrs Quickly), Véronique Gens (Alice Ford) & Amanda Forsythe (Nanetta) © Jef Rabillon pour Angers Nantes Opéra
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Nantes. Théâtre Graslin. 20-III-2011. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Falstaff, comédie lyrique en 3 actes sur un livret de Arrigo Boito. Mise en scène : Patrice Caurier et Moshe Leiser. Décors : Christian Fenouillat. Costumes : Agostino Cavalca. Lumières : Christophe Forey. Avec : John Hancock, Falstaff ; Tassis Christoyannis, Ford ; Véronique Gens, Alice Ford ; Amanda Forsythe, Nannetta ; Luciano Bothelo, Fenton ; Elena Zilio, Quickly ; Leah-Marian Jones, Meg Page ; Colin Judson, Caïus ; Eric Huchet, Bardolfo ; Jean Teitgen, Pistola. Chœur d’Angers Nantes Opéra (direction : Sandrine Abello), Orchestre National des Pays de la Loire, direction : Marc Shanahan