Angelika Kirchschlager et le Kammerorchester Basel : Contes et légendes
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Dijon, Auditorium. 13-III-2011. Jan Sibelius (1865-1957) : Le cygne de Tuonela. Richard Wagner (1813-1883) : Wesendonck Lieder, arrangement pour orchestre de chambre par Hans Werner Henze. Edvard Grieg (1843-1907) : Peer Gynt, suite de concert pour mezzo-soprano et orchestre, arrangement Kristjan Järvi. Angelika Kirchschlager, mezzo-soprano. Kammerorchesterbasel ; direction : Kristjan Järvi
Fragments de l'épopée nordique du Kalevala, mythe de Tristan et Yseult, aventures légendaires de Peer Gynt : le fil conducteur de la soirée, c'est le conte, et c'est bien l'enchantement !
Les trois pièces au programme réussissent à nous entrainer dans un monde magique de volupté sonore grâce à la présence d'Angelika Kirchschlager et au travail soigné de Kristjan Järvi et de l'orchestre de Bâle : bravo, on en redemande…
Cet ensemble instrumental de dimension respectable se compose essentiellement de jeunes musiciens qui répondent instantanément aux indications de leur chef ; et comme celui-ci ne manque pas d'idées ni de dynamisme, on est saisi par la nervosité efficace de la prestation, et par la diversité de l'expression musicale prodiguée à bon escient. En effet, dès les premières notes du Cygne de Tuonela, la magie opère ; non seulement le solo de cor anglais est littéralement enchanteur par sa mélancolie nordique, mais le chef obtient de son orchestre un magnifique rubato qui accentue le caractère narratif de cette partition à la simplicité si émouvante.
Ces qualités vivantes de la narration, on les retrouve intactes dans l'interprétation de la suite de concert Peer Gynt. L'arrangement qu'en a fait Kristjan Järvi convient parfaitement à la sonorité de cet orchestre et à sa réactivité : on passe sans flottement des danses populaires à la mélancolie, de la poésie planante à la cruauté. Ainsi la danse des Trolls trépidante s'enchaine sans problème avec la mort d'Ase en forme de choral, et le caractère coquin de la Danse d'Anitra ressort mieux après la plénitude d'Au matin. Le dosage savant des tempi et des nuances est aussi une des qualités du travail de cet ensemble, et il donne aux pièces les plus connues un relief inattendu : le fameux crescendo de Dans l'antre du roi de la montagne donne à ce passage une cruauté primitive assez saisissante.
Nul ne peut contester l'accord exceptionnel qui existe entre l'orchestre et la chanteuse dans l'arrangement des Wesendonck Lieder. Là encore, la balance entre chant et instruments, les nuances, les sonorités, l'équilibre entre les pupitres, tout est parfait. Angelika Kirchschlager ne faillit pas à sa réputation : elle possède une voix égale qui est puissante aussi bien dans les graves magnifiques que dans le reste de la tessiture. Le texte romantique est illustré sans excès avec des changements d'expression subtils par une interprète qui domine absolument son art : elle est autant à l'aise dans l'agitation de Stehe Still que dans l'accablement de Schmerzen. Ainsi, Rêves, le dernier Lied, se termine comme dans un conte en ne nous laissant comme regret que celui de voir cet instant magique se terminer.
Crédit photographique : © Nikalaus Karkinsky
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Dijon, Auditorium. 13-III-2011. Jan Sibelius (1865-1957) : Le cygne de Tuonela. Richard Wagner (1813-1883) : Wesendonck Lieder, arrangement pour orchestre de chambre par Hans Werner Henze. Edvard Grieg (1843-1907) : Peer Gynt, suite de concert pour mezzo-soprano et orchestre, arrangement Kristjan Järvi. Angelika Kirchschlager, mezzo-soprano. Kammerorchesterbasel ; direction : Kristjan Järvi