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Dijon, Auditorium. 04-II-2011. Richard Wagner (1813-1883) : Siegfried Idyll ; Lohengrin, prélude de l’acte III . Franz Liszt (1811-1886) : Concerto pour piano et orchestre n°2 en la majeur ; Du berceau jusqu’à la tombe ; Les Préludes. Pascal Amoyel, piano. Ensemble Anima Eterna Brugge ; direction : Jos van Immerseel

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Brugge

Les premières notes de Siegfried Idyll résonnent, et déjà nous sommes transportés dans un univers sonore inconnu : qu'est-ce qui produit ces sensations nouvelles à l'audition de ce répertoire romantique pourtant si souvent interprété ? Le travail effectué par et l'orchestre porte ses fruits en suscitant une nouvelle approche stylistique des œuvres, mais sans en oublier l'impact émotionnel, qui est l'essentiel de la Musique.

L'effectif réduit de cet ensemble utilisant des instruments d'époque s'adapte parfaitement à l'interprétation de Siegfried Idyll telle que l'a souhaitée , mais il est plus surprenant dans les autres œuvres. Nous n'avons plus du tout l'habitude d'entendre le prélude de l'acte III de Lohengrin avec trois pupitres de premiers violons, quatre violoncelles et cinq altos, accoutumés que nous sommes à ces orchestres «hydropiques», comme le disait Edgar Varèse.

Eh bien, cela fait admirablement ressortir les sonorités claires et délicates des bois, comme c'est le cas dans Du Berceau jusqu'à la tombe, poème symphonique dans lequel le timbre ourlé de la flûte trouve son contrepoint dans celui du hautbois et du basson. Les cors, si présents dans Siegfried, ressortent sans clinquant dans l'allegretto pastorale ou dans le second thème des Préludes. Les cuivres employés en groupe n'assènent plus leur présence avec force, et leur emploi ne ressemble plus à la charge de la cavalerie légère. Au contraire leur sonorité, pleine mais si peu tonitruante, confère à leurs interventions la noblesse qui convient : que ce soit dans le thème principal des Préludes, dans Le combat pour l'existence ou dans Lohengrin, ils gardent ce côté héroïque dont parle Hector Berlioz dans son traité d'orchestration.

Les cordes employées en petit nombre donnent un autre caractère aux pièces interprétées ; le jeu presque sans vibrato apporte moins de pathos mais il permet moins de «camouflage» dans la qualité du son et dans les descentes chromatiques, et la perception de l'harmonie est toute autre : quelle exigence est donc nécessaire ! Quand un solo de la qualité de celui du violoncelle répond au piano dans le concerto, on se pâme…

Il parait que aurait dû jouer sur un piano Erard de 1886, et nous n'avons eu «qu'un» Bechstein de 1860 ! Quel magnifique instrument, et que le pianiste sait donc le faire chanter ! Dès les premiers arpèges du concerto, on est conquis par les graves profonds et par les arabesques aériennes. L'interprète sait jouer de la personnalité contrastée de Liszt, et passe sans hésitation de la rêverie sentimentale et contemplative à la passion fougueuse : un grand moment de musicalité. Un bis permet d'apprécier encore le toucher délicat qui nous fait suivre le chant à travers les méandres de l'écriture raffinée de ce»compositeur de l'avenir».

Crédit photographique : © Alex Vanhee

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