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Kent Nagano de Zimmermann à Bruckner

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Munich. Nationaltheater. 30-XI-2010. Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) : Stille und Umkehr. Orchesterskizzen (Silence et recueillement, Esquisses pour orchestre). Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 9 en ré mineur (version inachevée en 3 mouvements). Orchestre National de Bavière ; direction : Kent Nagano

Orchestre National de Bavière

Quel point commun entre les œuvres de Zimmermann et de Bruckner au programme du second concert symphonique de la saison à l'Opéra de Munich ?  est venu l'expliquer lui-même au public pendant la courte pause séparant les deux œuvres : il s'agit là d'œuvres ultimes, écrites par des compositeurs en proie à la solitude et au doute, mais surtout, le ré qui, sous diverses vêtures instrumentales, forme l'une des strates de l'œuvre de Zimmermann, se poursuit dans le long accord qui ouvre la symphonie inachevée de Bruckner et se prolonge dans sa tonalité.

L'œuvre de Zimmermann ne passe pas sans douleur auprès d'une partie du public, malgré sa brève durée, et bien que son atmosphère concentrée et sa dynamique restreinte n'aient rien à voir avec l'explosion continue de Photoptosis ou avec les collages savants de beaucoup d'œuvres de Zimmermann. fait pourtant tout son possible pour éclairer cette œuvre qui n'est pas parmi les plus difficiles de son auteur : une écoute un peu moins hostile aurait permis sans peine de voir la grande force expressive à laquelle il parvient avec des moyens musicaux minimaux mais admirablement construits.

Chez Bruckner, n'est pas moins à son aise, comme plusieurs enregistrements l'ont déjà montré, et la concurrence locale avec Christian Thielemann ne l'a pas dissuadé d'inscrire plusieurs fois ses symphonies au programme des concerts symphoniques de l'Opéra. L'approche de Nagano est aux antipodes du Bruckner chargé de sens et de son qui fait le succès de Thielemann, mais ce Bruckner résolument moderne, où le mouvement compte au moins autant que l'ivresse sonore du moment, où la rhétorique convainc sans avoir besoin d'affirmer, n'a pas à craindre la comparaison. L'allègement sonore auquel procède Nagano n'entraîne ni perte de tension, ni déséquilibre des plans sonores, ni même accélération du tempo ; la pertinence de cette vision n'apparaît jamais aussi clairement qu'au début de l'adagio terminal, où le puissant crescendo initial prend un relief qu'il ne saurait avoir avec une approche plus plombée. La démarche de Kent Nagano a quelque chose à voir avec celle des baroqueux : en retournant à la partition, en laissant derrière lui toute une tradition interprétative chargée de sombre métaphysique, il restitue à cette symphonie une fraîcheur et un allant qui étaient depuis toujours la sienne. L'orchestre, avec des cordes de rêve et des solistes impeccables, se met entièrement au service de cette vision, pour un concert qui montre admirablement le chemin parcouru depuis l'arrivée de Kent Nagano dans la maison en 2006.

Crédit photographique : © Wilfried Hösl

Munich. Nationaltheater. 30-XI-2010. (1918-1970) : Stille und Umkehr. Orchesterskizzen (Silence et recueillement, Esquisses pour orchestre). (1824-1896) : Symphonie n° 9 en ré mineur (version inachevée en 3 mouvements). Orchestre National de Bavière ; direction : Kent Nagano

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Munich. Nationaltheater. 30-XI-2010. Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) : Stille und Umkehr. Orchesterskizzen (Silence et recueillement, Esquisses pour orchestre). Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 9 en ré mineur (version inachevée en 3 mouvements). Orchestre National de Bavière ; direction : Kent Nagano

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