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Passion de Dusapin vue par Sasha Waltz, fascinante alchimie des corps

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Paris. Théâtre des Champs Elysées. 10-X-2010. Pascal Dusapin : Passion. Musique : Pascal Dusapin. Livret : Pascal Dusapin, en collaboration avec Rita de Letteriis. Mise en scène, création chorégraphique, décors : Sasha Waltz. Décors, lumières : Thilo Reuther. Costumes : Hussein Chalayan. Dispositif électroacoustique : Thierry Coduys. Dramaturgie : Ilka Seifert. Direction musicale : Franck Ollul. Avec Barbara Hannigan (Lei), Georg Nigl (Lui), Sasha Waltz and guests (danseurs), Vocalconsort Berlin (chœur), Ensemble Modern (musiciens).

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L'opéra Passion de s'offre au regard ému de la chorégraphe allemande pour sa troisième production depuis sa création au Festival d'Aix en 2008. Minimaliste, sophistiquée et fascinante…

, qui signe cette nouvelle production pour le Théâtre des Champs-Elysées et sa propre compagnie, en coproduction avec l'Opéra de Lille, opte pour le minimalisme et la rigueur pour incarner la musique à la fois éthérée et charnelle de . Du dialogue entre les deux interprètes, la soprano (Lei) et le baryton (Lui), créateurs du rôle, la chorégraphe s'empare comme d'une passion plaintive et déchirante. Quand ils ne sont pas eux-mêmes danseurs, les deux chanteurs sont tellement imbriqués dans la chorégraphie qu'ils s'y confondent. Portés, doublés, voire bousculés par les danseurs qui les encadrent, les chanteurs se sont impliqués physiquement dans le processus de création en étant présents en studio dès le début des répétitions.

Cette implication est le secret de l'alchimie entre les corps, les voix et la musique que dégage ce spectacle remarquable et fascinant. Dans la fosse, admirablement dirigée par Franck Ollul, la musique est limpide, et se déploie dans une atmosphère céleste et lumineuse, relayée par un dispositif électroacoustique d'une grande clarté. Gli altri, les autres, incarnés par les six choristes du Vocalconsort de Berlin, répondent comme un chœur antique aux déchirures des solistes ou aux accents des instruments. Sur scène, la chorégraphe propose une danse lente, fluide et coulée dont les mouvements de bras, les ondulations de hanches et les portés statiques sont particulièrement mis en valeur dans les duos.

Cette danse sensuelle est servie avec esprit par les costumes signés du styliste Hussein Chalayan : longues robes fendues pour les femmes, tee-shirt de mousseline de couleur chair ou costume pour les hommes, que portent également les deux solistes. Pour seul décor, des lumières subtiles et sophistiquées qui vont de la pénombre à l'éblouissement, relayées par des projections de halos de couleurs sur le fond de scène, à la manière de Mark Rothko. Avec sa pluie de plumes noires et sa grappe de ballons graphite, l'avant-dernier tableau – celui où l'héroïne expire – est le plus beau et le plus émouvant. Derrière un cyclo blanc, une frise ininterrompue de danseurs célestes figure à la fin du spectacle l'image d'un Paradis immaculé, dans le silence le plus absolu. Le silence qui suit du est encore du Pascal Dusapin.

Crédit photographique : © Yanez

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Paris. Théâtre des Champs Elysées. 10-X-2010. Pascal Dusapin : Passion. Musique : Pascal Dusapin. Livret : Pascal Dusapin, en collaboration avec Rita de Letteriis. Mise en scène, création chorégraphique, décors : Sasha Waltz. Décors, lumières : Thilo Reuther. Costumes : Hussein Chalayan. Dispositif électroacoustique : Thierry Coduys. Dramaturgie : Ilka Seifert. Direction musicale : Franck Ollul. Avec Barbara Hannigan (Lei), Georg Nigl (Lui), Sasha Waltz and guests (danseurs), Vocalconsort Berlin (chœur), Ensemble Modern (musiciens).

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