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Talant. Eglise N-D de Talant 10-VII-2004. G.Puccini (1858-1924) : Crisantemi pour quatuor à cordes ; G. Rossini (1792-1868) : Sonate « à quatre » pour violons, violoncelle et contrebasse. Astor Piazzola (1921-1992) : Tangos ( Arrangements pour cordes de M. Michalokakos). Johannes Brahms (1833-1897) : Premier sextuor à cordes en Si b M op.18. Violon : Renaud Larguiller, Sylvain Giles. Alto : Hélène Coloigner, Olivier Bartissol. Violoncelle : Pauline Bartissol, Thomas Duran. Contrebasse : Valérie Petite.
Festival « Quel Talant ! »
Toutes proportions gardées, Talant (le vieux) est un peu le Montmartre dijonnais, perché sur sa colline, avec ses vieilles maisons de pierre fleuries, tapissées de lierre ou de vigne vierge, et qui se plaît à accueillir, en toute saison et de longue tradition, bien des artistes : peintres, écrivains et…musiciens ; La musique, pour s'exprimer, y trouve un lieu privilégié : la belle église Notre-Dame, nantie des splendides vitraux de Gérard Garouste et du verrier Pierre-Alain Parot, ainsi que du fameux orgue Metzler, unanimement apprécié des spécialistes. Depuis l'an dernier, elle accueille le jeune festival « Quel Talant ! » (jeu de mots sans doute facile mais qui trouve tout son sens et sa justification dans la remarquable qualité de ses participants).
C'est en décembre 2002, qu'à l'initiative des violoncellistes Pauline Bartissol et Thomas Duran (ils ont, depuis, uni leurs destinées) a été créée l'Association « Cordes Avides » qui se propose de promouvoir la musique de chambre « par la production de concerts aux programmes artistiques originaux, cohérents et audacieux. » Et de cette volonté est né ce festival au cours duquel, sur trois journées, de jeunes musiciens de haut niveau se retrouvent pour jouer ensemble avec, il faut le dire, un indéfectible enthousiasme. Haut niveau ? Qu'on en juge : ils sont tous issus (prix « en poche » – et souvent brillants – ) des C.N.S.M. de Paris ou Lyon, occupent des postes de premier ou second soliste dans des orchestres réputés ( Bordeaux-Aquitaine, Ile de France, Colonne…) ou d'enseignement en C.N.R. (Pauline Bartissol, violoncelle, à Toulouse, son frère Olivier, alto, au Mans).
La soirée d'ouverture bénéficiait de la présence du violoncelliste Marc Coppey (soliste et direction) pour un programme Bach, Haydn, Lekeu et Mozart, fort apprécié du public présent. (Tout comme l'an dernier, pour la « première » de ce festival, où le pianiste Pierre-Laurent Aimard avait apporté son –brillant- concours). Mais gageons qu'à plus ou moins brève échéance, les musiciens de « Cordes Avides » n'auront plus besoin de noms médiatiques pour attirer les foules … Le concert de cette seconde journée débute par le très intimiste et élégiaque Crisantemi (Chrysanthèmes) de Puccini, quatuor en Mi m (comme celui de Verdi) dont le thème, désolé, semble avoir été repris par le compositeur à l'acte III de Manon. De caractère funèbre (dédié à la mémoire d'Amédée de Savoie, duc d'Aoste), il dégage une émotion palpable, tant chez les interprètes que parmi l'auditoire ; et l'on songe au mot de Stravinski : « chaque fois qu'on l'entend, la musique de Puccini nous semble plus belle ». Changement radical de ton, de style et de climat avec la « gioiosa » et gaillarde sonate à quatre (deux violons, violoncelle et contrebasse), en trois mouvements de Rossini : une œuvre de première jeunesse (il avait douze ans !), mais c'est déjà tout Rossini, avec cette vertu très roborative des mouvements rapides et le caractère chantant de l'Andante, où les cordes graves accompagnent un premier violon « sopranisant ».
Astor Piazzola est aujourd'hui un musicien « à la mode », qui figure fréquemment dans les programmes de concert aux côtés de Beethoven et Ravel, ou comme ce soir entre Rossini et Brahms. Mais sa musique, inclassable, peut maintenant s'affranchir du bandonéon (et même de Gardel). Le rythme traditionnel du tango, même s'il émerge encore d'évidence, dans ces arrangements formant Suite, est souvent rompu par des « relais » contrastés qui s'apparentent à une improvisation « jazzistique » très séduisante. Le plaisir de jouer des jeunes interprètes, leur connivence et leur parfaite maîtrise technique sont manifestes et entraînent l'adhésion. Mais le plat de résistance de la soirée (gardé ici pour le dessert), c'est naturellement le premier sextuor en Si b M op.18 de Brahms (1860), qui est peut-être, avec le quintette pour clarinette et cordes, la pièce de musique de chambre la plus populaire du compositeur (surtout chez les cinéphiles, depuis qu'un certain Louis Malle, en 58, fit s'aimer Les Amants au son du merveilleux thème de l'Andante ma moderato en variations.) Ici, la connivence entre les artistes est encore évidente, mais perdant de son « primesautier », elle prend cependant une autre dimension : la concentration est totale, au long des quatre mouvements, parcourus sans faille, dans des tempi idéaux, en un phrasé de grande franchise, avec des sonorités pleines, amples, un déploiement de généreuse ardeur tempérée (là où il le faut) de subtiles retenues. Bref, un jeu, déjà, de belle maturité.
A ces jeunes artistes, aussi manifestement aguerris à la difficile et exigeante discipline qu'est la musique de chambre, on peut prédire un bel avenir, et d'ores et déjà souhaiter une troisième édition du Festival « Quel Talant ! » tout aussi exaltante.
La troisième soirée, clôturant le festival, devait être consacrée à l'intégral des concertos pour violon de J.S. Bach.
Contacts : cordesavides@wanadoo.fr, ou www.queltalant.com
crédit photographique : (c) DR.
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Talant. Eglise N-D de Talant 10-VII-2004. G.Puccini (1858-1924) : Crisantemi pour quatuor à cordes ; G. Rossini (1792-1868) : Sonate « à quatre » pour violons, violoncelle et contrebasse. Astor Piazzola (1921-1992) : Tangos ( Arrangements pour cordes de M. Michalokakos). Johannes Brahms (1833-1897) : Premier sextuor à cordes en Si b M op.18. Violon : Renaud Larguiller, Sylvain Giles. Alto : Hélène Coloigner, Olivier Bartissol. Violoncelle : Pauline Bartissol, Thomas Duran. Contrebasse : Valérie Petite.