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Rouen, Théâtre des Arts. 8-X-2013. Hector Berlioz (1803-1869) : La Damnation de Faust, légende dramatique en 4 parties. Livret du compositeur et d’Almire Gandonnière, d’après la traduction de Gérard de Nerval du Faust de Johann Wolfgang von Goethe. Mise en scène : Frédéric Roels assisté de Gilles Rico ; Lumières : Laurent Castaingt ; Décors : Bruno de Lavenère ; Costumes : Lionel Lesire ; Chorégraphie: José Besprovasny. Avec : Erik Fenton, Faust ; Sir Willard White, Méphistophélès ; Marie Gautrot, Marguerite ; Alain Herriau, Brander. Choeur accentus – Opéra de Rouen Haute-Normandie, Ballet de l’Opéra-Théâtre de Limoges (direction : Sergio Simón). Orchestre de l’Opéra de Rouen Haute-Normandie. Direction : Nicolas Krüger
C'est avec la Damnation de Faust que l'Opéra de Rouen ouvrait sa saison, avec comme heureuse particularité que la dernière représentation du 8 octobre était retransmise en direct sur Culturebox et restera consultable gratuitement pendant un an.
Cette coproduction avec l'opéra de Limoges se distingue par une mise en scène qui vise à l'efficacité, structurée entièrement d'une large roue crantée dont les motifs évoquant autant l'horloge, la boussole que la rosace d'un théâtre, et qui tourne, s'élève ou se rabaisse pour servir de plateau, de promontoire ou d'abri pour les scènes chorales. Cette idée simple déclinée de manière efficace apporte une unité à cette œuvre qui n'a pas été conçue pour la scène, et dont le caractère constamment changeant fascine à l'écoute mais est difficile à représenter. Du côté des costumes, même souci de clarté, Mephisto est tout de rouge, comme ses démons hommes et femmes également torses nus, laissant à Olivier Py à Genève l'apanage de la provocante nudité masculine, Marguerite et Faust sont de blanc lorsqu'ils se rencontrent. L'œuvre se termine sur l'élévation de Marguerite en robe blanche les bras en croix, le message sur la montée au ciel d'une victime est d'une limpidité aveuglante, mais ce kitsch religieux très premier degré aurait bien mieux trouvé sa place dans le Faust de Gounod.
Musicalement la Damnation exige beaucoup de tous, l'orchestre, les solistes comme les chœurs, et nul ne peut se cacher. A cet exercice de démonstration, le chœur composé de chanteurs de l'ensemble Accentus et celui de l'opéra de Rouen remporte tous les suffrages. Bien que préparé en seulement quinze jours, il brille par sa caractérisation des scènes, l'exemple le plus évident étant la fugue des buveurs (à 40 minutes sur la vidéo).
Côté solistes, le Méphisto de Sir Willard White domine la distribution par son abatage, à plus de 65 ans il est maître de ses effets et d'un charme difficilement résistible. Si la prononciation du français n'est pas idoine, son air Voici des roses fut un moment où l'alchimie entre les sonorités sourdes des cuivres et de sa voix chaude était envoûtante (à 0h48 minutes sur la vidéo – à noter que la balance sonore de l'enregistrement met trop en avant les cuivres, et ne restitue pas le fondu sonore que l'on pouvait percevoir dans la salle).
Marie Gautrot – originaire de Normandie – et Erik Fenton donnent le meilleur d'eux-mêmes dans leurs deux airs finaux, D'Amour l'ardente flamme et Nature immense (à 2H18), après une montée progressive de leur investissement. Erik Fenton avait impressionné dans le Nain de Zemlinsky à Nancy, ici il avance trop précautionneusement, probablement soucieux de garder l'énergie nécessaire au grand air et au final où il doit prendre son envol et tournoyer autour de Mephisto (à 2H26) dans leur course folle pour sauver Marguerite. Nicolas Krüger donne à l'orchestre une belle flamme berliozienne, et on ne regrettera que l'accès de faiblesse des cordes sur la Chanson gothique, qui pénalisera la réussite de cet air. Marie Gautrot saura se rattraper avec sa romance, donnant une belle épaisseur dramatique à son personnage et se jouant habilement de la virtuosité redoutable de cet air (de 2h07 à 2h17 sur la vidéo). Ne négligeons pas Alain Herriau qui compose un fort bon Brander (à 0h38).
La captation vidéo est une réussite, notamment pour les chorégraphies des sylphes dans la Marche hongroise (à 0h16) et le Ballet des sylphes (à 0h56) par le Ballet de l'Opéra-Théâtre de Limoges, la prise de son de l'orchestre aurait juste gagné à être moins analytique.
Crédit photographique : © Vincent Ferron
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Rouen, Théâtre des Arts. 8-X-2013. Hector Berlioz (1803-1869) : La Damnation de Faust, légende dramatique en 4 parties. Livret du compositeur et d’Almire Gandonnière, d’après la traduction de Gérard de Nerval du Faust de Johann Wolfgang von Goethe. Mise en scène : Frédéric Roels assisté de Gilles Rico ; Lumières : Laurent Castaingt ; Décors : Bruno de Lavenère ; Costumes : Lionel Lesire ; Chorégraphie: José Besprovasny. Avec : Erik Fenton, Faust ; Sir Willard White, Méphistophélès ; Marie Gautrot, Marguerite ; Alain Herriau, Brander. Choeur accentus – Opéra de Rouen Haute-Normandie, Ballet de l’Opéra-Théâtre de Limoges (direction : Sergio Simón). Orchestre de l’Opéra de Rouen Haute-Normandie. Direction : Nicolas Krüger