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Un clavier éloquent de Ronald Brautigam pour les Sept dernières paroles du Christ

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Joseph Haydn. Les sept dernières paroles du Christ. Ronald Brautigam, fortepiano. Vol XI. 1 CD BIS Records.

 
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Cinq versions existantes, une œuvre qui ne cesse de fasciner par le défi qu'elle représente et la contribution d'un honnête musicien à la liturgie ; les «sept dernières paroles du christ» restent une partition énigmatique. La version pour pianoforte enregistrée ici en éclaire un nouvel aspect sous les doigts inspirés d'un spécialiste du compositeur.

La version pour pianoforte n'est pas de , bien que le compositeur aurait de toute évidence approuvé le résultat final. Les petites sonates se déclinent ici avec régularité, sans craindre le risque de la redondance et de l'ennui. Disons-le sans détour : il faut un interprète convaincu et convaincant pour éviter que Morphée ne réclame régulièrement son tribut…

sait mettre en valeur toutes les subtilités d'une partition en bon explorateur habitué de la musique pour clavier du maître et sa vision porte ainsi la marque de fabrication de ceux qui savent comprendre un style et une époque.

Le pianiste conçoit ses sept tableaux comme une suite dramatique et douce, langoureuse et traversée de drames intérieurs. Le danger de la méditation contemplative forcément génératrice d'ennui ( Haydn n'est pas Bach et le public ne le crédite pas de la même faculté d'élévation spirituelle immédiate ) est écarté par un engagement de tous les instants comme si le pianiste faisait des séquences répétitives un cheminement intérieur fait de drame et de tendresse. Les tempi excellents ne varient guère d'une sonate à l'autre, créant ainsi ce climat élégiaque qui doit sous-tendre cette musique. On notera de ce fait le tremblement de terre final d'un romantisme stylisé que l'on imaginait mal au clavier. n'oublie pas non plus que l'œuvre était destinée à l'Espagne dont Haydn percevait la dévotion ostentatoire. Sans introduire d'aspects musicaux traditionnels propres à la péninsule ibérique, l'auteur de la Création stigmatise le drame et la souffrance d'une façon qui rappelle immanquablement Cervantés. Tout ici est expressif, mais sous l'apparence du spectacle, le Christ souffrant est terriblement humain et devient ainsi un des nôtres.

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