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Jan Lisiecki rayonne sur le Festival Chopin et l’Europe 2013

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La 9e édition du Festival « Chopin et l’Europe » a lieu, comme chaque année, à Varsovie dans la deuxième moitié d’août, sous le patronage de l’Institut Frédéric Chopin.

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16. © Crédits photographiques - Wojciech Grzędziński, NIFCSamedi 24 août : Anderszewski, le et Capuçon

Deux concerts de musique de chambre ont été donnés ce jour-là. D'abord, à 19h, la Grande salle de concert de la Philharmonie nationale affichait complet pour le récital de Piotr Anderszewski et du . Après un Quatuor en si bémol majeur K. 589 de Wolfgang Amadeus Mozart, interprété de manière trop timide et peu expressive, le pianiste polonais a exécuté le deuxième cahier de Sur un sentier recouvert de Leoš Janáček. Sous ses doigts, cette composition est un chef-d'œuvre du répertoire pianistique du début du XXe siècle. Anderszewski, dont les apparitions attirent un public nombreux, a joué cette partition de façon intime, en mettant en valeur sa richesse rythmique et sa beauté mélodique.

Avant l'entracte, les Belcea revenaient pour le Quatuor à cordes nº 1 en ré majeur op. 25 de Benjamin Britten, une composition pleine de dissonances, de détours harmoniques et d'humeur variable, mais aussi de dialogue interne. Ce dialogue a été bien entrepris par les musiciens qui cette fois n'ont pas manqué de souligner le côté expressif de l'œuvre.

Pour la seconde moitié du concert, on a entendu le Quintette avec piano en sol mineur op. 57 de . Bien qu'il ne soit pas la composition préférée du pianiste, il a été interprété avec une rigueur de style et une virtuosité exceptionnelles. La narration était construite autour de la précision rythmique et sur la base de nombreuses nuances dynamiques, au détriment de la souplesse agogique.

Une surprise hors programme a clos le concert : Andante du Concerto pour piano nº 12 en la majeur K. 414 de Mozart, joué avec une délicatesse extraordinaire.

Le second concert a eu lieu dans le Studio Witold Lutosławski de la radio Polonaise, où Gautier Capuçon et ont donné d'excellentes interprétations de la Sonate pour violoncelle et piano nº 2 en ré majeur op. 58 de et de la Sonate pour violoncelle et piano en ut majeur op. 65 de Benjamin Britten : vives et ardentes. Deux natures, si proches et si éloignées à la fois, s'y sont rencontrées : l'expressivité dionysiaque de Capuçon, et la tranquillité apollinienne de Braley. Cependant, ce dernier trait ne cadrait pas avec l'ambiance d'une profonde inquiétude cachée derrière les notes de la Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 65 de , qu'ils ont jouée après l'entracte. Leur exécution se caractérisait par des tempi relativement rapides et par un certain désordre au niveau de l'exposition de la construction formelle. Capuçon a mis en valeur la beauté des phrases mélodiques, mais l'accompagnement de Braley était trop calme (la partie de piano, n'est-elle pas dominante dans cette œuvre ?). Un bis donné à la fin de la soirée, une sorte de berceuse jouée vers minuit, a permis au public de goûter un calme retrouvé : Le Chant des oiseaux dans un arrangement pour violoncelle et piano de Pablo Casals.

Dimanche 25 août : Yoffe, Brüggen, Pires et Lisiecki

Deux concerts symphoniques ont été joués ce jour-là. D'abord, dans le Studio Witold Lutosławski de la radio Polonaise, à 17h, on a assisté à un concert donné par Dina Yoffe (lauréate du 2e prix du Concours Chopin en 1975), Akiko Ebi (lauréate du 5e prix du même concours en 1980) et l' dirigé par Frans Brüggen. Dina Yoffe a interprété, sur un Erard de 1849, la Fantaisie sur des airs polonais op. 13, ainsi que les Variations sur « Là ci darem la mano » (d'après la fameuse aria tirée de l'opéra Don Giovanni de Mozart) op. 2 de . Bien qu'ayant des facilités au niveau de l'expression, la soliste n'était pas bien préparée pour ce concert : le nez dans la partition, elle a pris des tempi trop lents, surtout dans les passages au tempo rapide, avec des erreurs digitales.

Pour ce qui est d'Akiko Ebi, elle a interprété, aussi sur l'Erard, le Concerto en mi mineur op. 11 du compositeur polonais. Ses phrasés étaient élégants, mais l'exécution du deuxième et du troisième mouvements manquait de profondeur et de souplesse. Pareillement pour le bis, Prélude en mi mineur op. 28 nº 4 de Chopin.

À part la musique de , on a entendu la Grande symphonie « Bataille de Mojaïsk » de Karol Kurpiński (1785-1857), une interprétation musicale de la grande victoire que Napoléon Ier avait remportée sur l'armée tsariste en 1812. Grâce à cette victoire, les Polonais ont repris espoir pour l'indépendance de leur pays. Malgré le fait que leur espérance s'est avérée vaine, la composition est pompeuse, pathétique et sans douleur. Ses premiers mouvements se réfèrent à la nuit et à l'aube. Un chant des oiseaux y est audible, ce qui a bien été interprété par Frans Brüggen, qui a fait chanter les instruments à vent.

Le concert donné dans la Philharmonie nationale a débuté à 21h par l'exécution des Préludes et fugue pour treize instruments à cordes de Witold Lutosławski, sous la baguette de Marek Moś dirigeant son Orchestre de chambre de la ville de Tychy « AUKSO ». La proposition du chef polonais a mis en valeur la facture multiphonique de cette partition et a rendu ses différents plans sonores bien perceptibles voire transparents.

Par la suite, l'ensemble a été rejoint par d'autres musiciens pour interpréter le Concerto pour piano nº 4 en sol majeur op. 58 de Ludwig van Beethoven, avec Maria João Pires comme soliste. Cette exécution était intéressante, car Marek Moś a fait sonner les vents légèrement plus fort par rapport aux interprétations traditionnelles. En outre, le propos interprétatif du chef d'orchestre visait à souligner la construction formelle de cette œuvre. En ce qui concerne Maria João Pires, elle a trouvé dans la partition beaucoup de lyrisme, de douceur, mais également de contrastes de l'expression, assez variée sous ses doigts.

Après la pause, (photo) a interprété le Concerto pour piano nº 3 en ut mineur op. 37 du même compositeur avec enthousiasme, une grande dose d'énergie, de verve juvénile et de la puissance d'expression. Ce jeune artiste, âgé seulement de 18 ans, avait déjà enregistré deux disques pour le label Deutsche Grammophon. Il y montrait de la tranquillité et une sagesse peu naturelle. Cette fois-ci, c'était l'inverse. a prouvé, avec cette interprétation formidable (et sans fautes !), qu'il a un grand potentiel. Une surprise hors programme a clos la soirée : une composition de pour piano à 4 mains, interprétée par et Maria João Pires.

Lundi 26 août : Możdżer, Zehetmair et Freire

Deux concerts ont été donnés ce jour-ci dans le Studio Witold Lutosławski de la radio Polonaise. En premier, à 18h, la musique pour solistes et orchestre : Concerto doppio pour violon, alto et orchestre de , le Concerto pour clavecin (ou piano) op. 40 de Henryk Mikołaj Górecki et, après l'entracte, la Symphonie concertante pour violon, alto et orchestre en mi bémol majeur K. 364 de Wolfgang Amadeus Mozart.

Cette soirée était passionnante, car pour la première fois dans l'histoire du festival, deux orchestres différents ont joué lors du même concert : avant la pause, c'était l'Orchestre de chambre de la ville de Tychy « AUKSO » sous la baguette de Marek Moś, et après la pause, l' dirigé par Frans Brüggen. En plus, le programme était construit de sorte que la musique contemporaine pour violon et alto (Penderecki) soit contrastée à la musique purement classique pour ces deux instruments (Mozart).

Pour le Concerto doppio de Penderecki, il a été interprété énergiquement et avec conviction par Aleksandra Kuls (violon) et Ryszard Groblewski (alto). Ensuite, Leszek Możdżer a joué le concerto de Górecki en version pour piano. Bien que sa prestation fût impressionnante, surtout pour les tempis rapides qu'il a pris, la version pour clavecin semble plus adéquate. En bis, le jazzman a présenté son arrangement de l'un des Préludes de Chopin. Pendant cette exécution, il pinçait avec ses mains les cordes du piano. Chopin et jazz ? Pourquoi pas. D'autant plus, que cette musique sonnait très frais !

Après la pause, Thomas Zehetmair et Ruth Killius ont interprété la Symphonie concertante de Mozart. Leur exécution, avec l'accompagnement de l'orchestre jouant sur instruments d'époque, a évoqué le sens de la tradition d'interprétation de la musique concertante : les solistes se mêlaient à l'orchestre dans les tutti. Leur prestation était délicate et extrêmement élégante. Zehetmair se distinguait non seulement par la beauté du timbre de son instrument, mais aussi par une expressivité captivante. Une surprise hors programme a été présentée juste à la fin du concert : Danse dense (deuxième mouvement des Trois esquisses pour violon et alto) de Heinz Holliger.

Le récital de a commencé à 21h. Le pianiste a débuté par interpréter la Sonate pour piano n° 11 en la majeur K. 331 de Wolfgang Amadeus Mozart. Sa prestation, bien qu'un rien trop légère, attirait par son aspect virtuose, la maîtrise technique, une sonorité riche, ainsi que par son phrasé sensible et inventif.

Par la suite, a interprété quelques pièces de : de l'opus 116, 118 et 119. Puis, après la pause, il a joué plusieurs morceaux choisis parmi les Visions fugitives op. 22 de , la Jeune fille et le rossignol de Goyescas d' et trois compositions de Frédéric Chopin : la Ballade n° 4 en fa mineur op. 52, la Berceuse en ré bémol majeur op. 57 et la Polonaise en la bémol majeur op. 53. Si les miniatures de Brahms, de Prokofiev et de Granados ne manquaient pas de cohérence (et de spontanéité) à cause de leur courte durée, les grandes formes chopiniennes semblaient fragmentées, surtout la Ballade. Malgré cela, le soliste est parvenu à créer une ambiance particulière relative à l'univers musical du compositeur polonais, pénalisée toutefois d'erreurs digitales. Deux bis ont été joués avant que le récital se soit terminé : Nocturne en ré bémol majeur op. 27 nº 2 de Chopin et un choral de la cantate Herz und Mund und Tat und Leben de Johann Sebastian Bach.

© Crédits photographiques : Wojciech Grzędziński / NIFC

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