Plus de détails
Amusati ! Amuse-toi ! Cette injonction lancée par Don Francesco, directeur et chef d’orchestre du Festival de Preggio, à son jeune pianiste le jour de la Générale, a certainement servi de mot d’ordre à toute la troupe.
Le petit orchestre est tranchant à souhait, le Figaro de Ferrucio Finetti a l'assurance et le charme inoxydable des fourbes, la Rosina de Michela Antenucci est rusée comme il faut, et le superbe Comte de David Ferri tout au second degré, enchante le public.
Tout au Nord l'Ombrie, à la lisière des terres toscanes, Preggio est un village de montagne au cœur de vertes forêts de châtaigniers. L'opéra se joue en plein air, dans le jardin de la cure, d'un côté la scène dans l'angle formé par la haute église et l'immense Catolica, de l'autre un panorama époustouflant avec, en avant spectacle, le coucher du soleil.
La magie de ce festival créé par Don Francesco, le prêtre de l'église, en 1984, vient de son insertion profonde dans le territoire. Lui-même, né dans ce village de 120 habitants, est un enfant du pays, donc musicien. Il entre au Séminaire de Pérouse, puis d'Assise mais il étudie aussi, parallèlement, l'orgue, le piano et la composition au conservatoire de Pérouse.
Dès sa nomination comme prêtre à Preggio il fait évidement aussi de la musique : « J'ai créé un chœur de 35 personnes, on chantait Palestrina, l'Hallelujah de Händel. Les gens de Preggio avaient la voix juste et un sens de la musique. J'enseignais en même temps à Pérouse au Conservatoire, accompagnant la classe de chant et c'est comme ça que j'ai rencontré Chiara Giudice et Giulio Boschetti, les deux chanteurs clé du festival. Les trois dernières années, c'est Antonello Madau Diaz, celui-là même qui mit en scène Tosca avec Catherine Malfitano, Ruggero Raimondi, Placido Domingo pour la télévision en direct de Rome en 1993, qui signait les mises en scène. La Tosca et la Mimi de Chiara Giudice et le Scarpia et le Marcello de Giulio, chantés à Preggio en 2011 et 2012 restent vivants dans la mémoire des aficionados du festival, tout comme un incroyable Don Juan, plus ancien, que la pluie avait relégué dans l'église !
Suivant les œuvres jouées au fil des années on a pu voir chanter aussi d'autres artistes locaux qui, comme Don Francesco, ont une double vie. Le baryton Venanzio Nocchi, un philosophe et politicien qui fut sénateur dans les années 1990 chantait le Comte de Monterone en 2009, et la basse et designer de cachemire Lamberto Losani reste inoubliable en jardinier des Noces de Figaro en 2005.
Sur la petite scène, les décors simples mais poétiques d'Edoardo Milesi facilitent la mise en scène précise et efficace de Roberta Mattelli.
Passée par les Masterclasses de Pesaro, Michela Antenucci chante avec exactitude, David Ferri a un beau timbre enjôleur, émouvant dans l'air Se il moi nome saper…, et Ferrucio Finetti parfait dans l'air de Figaro, donne toute son ampleur au thème très actuel de l'air « All'idea di quel metallo » aidé par quelques jeu de mot de la metteuse en scène Roberta Mattelli, Stefano Miliani de sa voix onctueuse réussit une Calomnie drôle et insidieuse… Chiara Giudice leur vole à tous la vedette dès qu'elle apparaît malgré le petit rôle de Berta et son « Il Vecchiotto Cerca Moglie », porté par une voix aérienne, est parfait.
Amusati ! Oui, on s'amuse à Preggio cette année !
Crédits photographiques : © festival de Preggio
Plus de détails
Amusati ! Amuse-toi ! Cette injonction lancée par Don Francesco, directeur et chef d’orchestre du Festival de Preggio, à son jeune pianiste le jour de la Générale, a certainement servi de mot d’ordre à toute la troupe.