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Zürich. Tonhalle. 27-III-2010. Antonin Dvořák (1841-1904) : Carnaval, ouverture pour orchestre op. 92 ; Concerto pour violon et orchestre en la mineur op. 53 ; Symphonie n°7 en ré mineur op. 70. Frank Peter Zimmermann, violon ; Tonhalle de Zurich, direction : David Zinman
Si dans les pays francophones, David Zinman reste encore trop sous-estimé, il apparaît incontestablement comme l'un des plus importants chefs du plateau musical actuel. Directeur musical de l'orchestre de la Tonhalle de Zurich, depuis 1995, il a gravé des sommets symphoniques consacrés à Beethoven (ouvertures, concertos et symphonies), Schumann, Strauss et maintenant Mahler. Alors qu'il vient de terminer ce travail, de six ans, par un enregistrement de la symphonie n°10 de Mahler (version de Clinton Carpenter, à paraître chez RCA), le chef et son orchestre se présentaient au public suisse avec un programme exclusivement consacré à Dvořák.
Comme trop rarement dans notre milieu musical, cette prestation était marquée par un incroyable sentiment d'accomplissement ! Une osmose complète entre l'orchestre et son chef qui fait, de chaque concert, un événement ! Au bout de quinze ans de travail commun, la passion de la musique ne s'est pas émoussée et transformée en une vaine routine (dont on connaît trop d'exemples en France !), mais débouche sur une dynamique électrique dont témoigne ce programme.
David Zinman défend un Dvořák, vigoureux, énergique et véritablement printanier dans sa sève et ses couleurs. Dans l'ouverture Carnaval, le chef fait, dès l'entrée de ce concert, exploser les pupitres dans un déluge de couleurs et de rythme. On retrouve ce même sens de la pulsation et du rythme dans une lecture franche et dansante de la symphonie n°7 du compositeur. Pas de mélancolie ou d'épanchements romantiques (comprendre néo-brahmsiens, le pêcher mignon de trop de chefs), mais une transe orchestrale jubilatoire, bourrue et joviale. Sous cette battue, l'orchestre de la Tonhalle fait briller ses pupitres et ses dynamiques. La formation apparaît aussi affûtée dans les tutti que dans les interventions solistes. On repère ainsi une harmonie à la fois fruitée dans ses timbres et d'une rare homogénéité, certains soli semblant presque des échanges chambristes. Les cuivres, menés par un cor solo exceptionnel, rivalisent avec brio et apportent toute l'énergie nécessaire. Dans l'acoustique à la fois ronde et puissante de la salle Zurichoise, cette partition brille de mille feux.
À l'ère des Vadim Repin, Julia Fisher, Nicolaj Znaider Arabella Steinbacher ou Viviane Hagner, on a trop tendance à oublier Frank Peter Zimmermann. Auteur d'enregistrements majeurs (EMI), fan d'œuvres rares et grand défenseur de la musique contemporaine, l'artiste reste un des très grands du violon ! Si souvent long et soporifique sous des archers trop timides, le concerto pour violon de Dvořák, connaît ici une interprétation en tous points remarquables. Prenant la pièce à bras le corps, Frank Peter Zimmermann fait virevolter les notes et les phrasés respirent avec poésie et sens de la narration. L'orchestre, heureux d'accompagner un tel artiste, continue de se surpasser.
Crédit photographique : David Zinman / Priska Ketterer
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Zürich. Tonhalle. 27-III-2010. Antonin Dvořák (1841-1904) : Carnaval, ouverture pour orchestre op. 92 ; Concerto pour violon et orchestre en la mineur op. 53 ; Symphonie n°7 en ré mineur op. 70. Frank Peter Zimmermann, violon ; Tonhalle de Zurich, direction : David Zinman