Kerity, La Maison des Contes

«Natanaël a bientôt 7 ans, mais il ne sait toujours pas lire… Lorsque sa tante Eléonore lui lègue sa bibliothèque contenant des centaines de livres, Natanaël est très déçu ! Pourtant, chacun de ces contes va livrer un merveilleux secret : à la nuit tombée les petits héros, la délicieuse Alice, la méchante fée Carabosse, le terrible capitaine Crochet, sortent des livres… Ils doivent prévenir Natanaël qu'ils courent un grand danger et risquent de disparaître à jamais. Pour sauver ses minuscules amis et leurs histoires, Natanaël, rétréci par la Fée Carabosse, se lance dans l'aventure ! Il affrontera vaillamment le très fourbe Ramastou, les crabes géants, l'Ogre affamé…»

Après l'Île de Black Mor, Christophe Héral, plus connu pour avoir composé la musique du jeu vidéo Beyond Good and Evil, récidive dans le cinéma d'animation avec Kerity, La Maison des Contes, un film français qui sortira le 16 décembre. Fait plutôt rare pour un film au budget «modeste», la partition de Christophe Héral, enregistrée avec l'Orchestre de la Radio Nationale de Macédoine, reçoit les honneurs d'une édition discographique.

Et ce n'est que justice : la musique du compositeur français pour Kerity est foisonnante et inspirée, à quelques années lumières des stéréotypes de la musique de film. Si l'orchestre, mélangé à des voix d'enfants comme chez Bruno Coulais fredonne souvent des thèmes généreux, Christophe Héral se permet fréquemment de petites excursions vers d'autres horizons sonores, quitte à baigner joyeusement dans une folie douce où transpirent l'humour et le caractère méridional du compositeur. Une guitare, un cymbalum, des percussions «sur mesure», des flûtes exotiques, un accordéon, une clarinette basse, un piano toy, un hang drum, une sitar, des chuchotements, tout cet instrumentarium se mélange gaiement avec une inspiration toujours renouvelée (à peine discerne-t-on l'influence peut-être inconsciente de Hisaishi) et de temps en temps, au détour d'une phrase, un zeste de facétie qui fait sourire (Introduction to Mr. Pickall, Pickall and the Customer…).

Si la magie est parfois rompue par quelques morceaux un peu trop sérieux au beau milieu du disque et un mixage non adapté à l'écoute hors images, la partition de Christophe Héral est dans l'ensemble rafraîchissante et pleine de vie. On sent que le compositeur s'amuse et aime faire plaisir aux spectateurs en leur chatouillant les oreilles.

Après Coraline, Kerity, à quelques jours de Noël, nous prouve que 2009 est un grand crû pour la musique de film en France. Deux partitions emblématiques, deux lueurs d'espoirs, deux portes grandes ouvertes, deux boîtes de Prozac face à la morosité ambiante. Parfois on se surprend à penser que certains disques, trop rares, devraient être remboursés par la sécurité sociale…