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Parsifal à Cologne : Où Wagner et Nietzsche rencontrent Ayrton Senna

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Cologne. Oper am Dom. 11-IV-2013. Richard Wagner (1813-1883) : Parsifal, drame sacré en trois actes sur un livret du compositeur. Mise en scène : Carlus Padrissa (La Fura dels Baus). Décors : Roland Olbeter. Costumes: Chu Uroz. Vidéo : Román Torre, Pelayo Mendéz, Fritz Gnad. Lumières : Andreas Grüter. Avec : Samuel Youn, Amfortas/Klingsor ; Young Doo Park, Titurel ; Matti Salminen, Gurnemanz ; Marco Jentzsch, Parsifal ; Silvia Hablowetz, Kundry. Chœur de l’Opéra de Cologne (chef des chœurs : Andrew Ollivant). Orchestre du Gürzenich de Cologne ; direction musicale : Markus Stenz.

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Qu'est-ce que Parsifal? Un opéra comme tous les autres – juste un peu plus long ? Un drame mystique ? Un rite religieux mis en musique ?

Même 133 ans après sa création l'ultime opéra de Wagner donne encore lieu aux interprétations les plus différentes. A Cologne, on attendait donc avec impatience ce qu'allait en faire , co-fondateur de la troupe catalane « » dont le Ring à Valence avait fait date.

A vrai dire, le finale mis à part, Padrissa évite soigneusement de nous présenter sa vision de l'œuvre. Il nous offre, en revanche, une plénitude d'associations plus ou moins probables à la lecture du texte et à l'écoute de la musique de Wagner. La vidéo, bien sûr, est omniprésente alternant images abstraites souvent impressionnantes et films proprement dits dont la mort tragique d'Ayrton Senna. Titurel ressemble à Wagner lui-même alors qu'Amfortas rappelle Friedrich Nietzsche dont des textes sont projetés sur écran géant tout au long de la soirée. Evidemment, la scène déborde de figurants, danseurs et acrobates interviennent à maintes reprises. Pour la scène du graal, Padrissa utilise même du vrai encens avant d'offrir du pain « eucharistique », préparé auparavant par Gurnemanz lui-même, aux spectateurs visiblement étonnés. Tout cela est fort passionnant et donne lieu à de multiples réflexions. Mais à plus d'un moment, cette mise en scène relègue la musique à la deuxième place.

C'est dommage car musicalement, cette nouvelle production est, somme toute, une grande réussite. Seul Silvia Hablowetz, Kundry au physique idéal, mais à la voix courte, au médium manquant de rondeur et à l'aigu désagréablement strident, déséquilibre quelque peu le deuxième acte. , en revanche, sans avoir les moyens d'un vrai heldentenor campe un Parsifal tout à fait convaincant. Avec son allure juvénile et son timbre clair il incarne à merveille l' « innocent au cœur pur ». Certes, à ce stade de sa carrière, il est plus à l'aise dans les lyrismes du troisième acte que dans les élans dramatiques du II. Mais même là, il tire son épingle du jeu grâce à une projection idéale de la voix. Amfortas et Klingsor sont ici interprétés par un seul chanteur – et ajoute à son palmarès wagnérien un nouvel exploit. S'il est un Amfortas tout en demi-teintes, émouvant dans sa douleur, la voix se fait dure et poignante dans la scène de Klingsor. Gurnemanz est, encore une fois, qui retourne ainsi au lieu de ses premiers grands succès. 44 ans après ses débuts professionnels, sa voix, reconnaissable entre toutes, sonne toujours ferme et fraîche. Si la puissance s'avère désormais un peu réduite, l'interprète n'a rien perdu de son charisme faisant de Gurnemanz le centre de la représentation.

Il trouve en un chef des plus attentifs, veillant à ne jamais couvrir ses chanteurs. Sa lecture aux tempi généralement allants – le premier acte ne dure que 90 minutes – est à la fois nuancée et passionnante. Le mysticisme pourtant est absent, même si le chœur fait de son mieux à la fin du premier acte.

Et la scène finale citée plus haut ? C'est là que Padrissa nous offre son unique vrai coup dramaturgique. Pour lui, la réunification de la lance et du graal a une connotation ouvertement sexuelle. Un double de Kundry se noie donc, seins nus, dans le graal qui ressemble ici plus à un font baptismal. Une image finale pour le moins inattendue…

Crédit photographique : (Gurnemanz) © Karl Forster

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Cologne. Oper am Dom. 11-IV-2013. Richard Wagner (1813-1883) : Parsifal, drame sacré en trois actes sur un livret du compositeur. Mise en scène : Carlus Padrissa (La Fura dels Baus). Décors : Roland Olbeter. Costumes: Chu Uroz. Vidéo : Román Torre, Pelayo Mendéz, Fritz Gnad. Lumières : Andreas Grüter. Avec : Samuel Youn, Amfortas/Klingsor ; Young Doo Park, Titurel ; Matti Salminen, Gurnemanz ; Marco Jentzsch, Parsifal ; Silvia Hablowetz, Kundry. Chœur de l’Opéra de Cologne (chef des chœurs : Andrew Ollivant). Orchestre du Gürzenich de Cologne ; direction musicale : Markus Stenz.

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