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Elne Piano : Fortissimo et con fuoco

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Crédit photographique : cathédrale d’Elne © LeZibou ; Mikhail Rudy © DR

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Pour sa quatrième édition, le festival d'été Elne Piano Fortissimo, initié et porté à bout de bras par Nicole et Michel Peus investissait ce haut lieu du patrimoine roman en Roussillon qu'est la cathédrale d'Elne pour trois jours de musique invitant les plus grandes personnalités internationales du clavier au rythme de deux concerts par soirée.

Aux côtés de ces artistes confirmés, une place de choix au sein du Festival est faite aux jeunes interprètes natifs du département avec «Découverte jeunes talents d'ici» qui permettait, dès 11h du matin, d'entendre à l'Espace Gavroche , Mélanie Embarek et Mehdi Kansoussi, jeunes pousses déjà résolument engagées dans la voie professionnelle.

Après qui anticipait les festivités à venir en concoctant un programme sur mesure autour de Chopin, se produisait ce vendredi 17 juillet à 21h30 devant une nef pratiquement comble. Son choix plus éclectique – il débutait cependant lui aussi par Chopin – mettait au centre de la soirée les Tableaux d'une exposition de Moussorgski, confirmant son immense talent de coloriste et la puissance évocatrice de son jeu. « Chantant » ici dans son arbre généalogique, ménage, au fil de la promenade, des changements de décors saisissants jusqu'à La grande porte de Kiev qui faisait résonner dans cette acoustique généreuse tous les clochers de la Russie des tzars. Son programme très exigeant se poursuivait avec la Sonate n°14 «Grande Sonate» en la mineur de Schubert dont il privilégiait la force dramatique au détriment d'une articulation quelque peu noyée par la réverbération des lieux. C'était une gageure que de terminer la soirée avec Gaspard de la nuit de Ravel, un chef d'œuvre dont on sentait les liens profonds qui le lient à son interprète aux vues de l'intériorité du jeu et de la maîtrise confondante d'un clavier diffusant ses ondes mystérieuses.

C'est (21h30), succédant à (19h), que l'on retrouvait le lendemain pour clôturer le Festival. Le programme moins lourd offrait deux éclairages résolument différents, un vent d'Amérique venant, en seconde partie, balayer le paysage intérieur des contrées germaniques. Avant de se lancer dans la Sonate op. 110 de Beethoven qu'il présentera lui-même au micro, débutait par deux Impromptus, n°1 et n°4, de Schubert qui d'emblée captivaient l'écoute par le soin accordé au toucher et la manière très personnelle et poétique de dompter la résonance, une dimension essentielle pour cette génération de pianistes développant une culture du son. Dans la Sonate n°31 de Beethoven qu'il aborde avec une concentration magistrale, c'est la conception architecturale et transcendante qui impressionne, nous entraînant dans les méandres labyrinthiques de la pensée beethovénienne jusqu'à la fugue libératrice. La deuxième partie tout ensoleillée par la musique de Gershwin – que Frank Braley a gravée chez Harmonia Mundi en 2005 – révélait mieux encore son élégance virtuose et la souplesse d'un jeu flirtant ici avec l'improvisation. Débutant par 9 Songs, des tubes extraits des comédies musicales – Lady be good, Do it again etc. – transcrits pour le piano par le compositeur, il enchaînait directement avec l'inégalable Rhapsody in blue, un vrai jeu d'enfant sous les doigts du pianiste qui nous faisait savourer comme une gourmandise rythmes et harmonies avec un plaisir très communicatif.

Souhaitons longue vie à ce superbe festival qui a désormais pris sa vitesse de croisière!

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