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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts, salle Henry Le Bœuf. 13-V-2009. Anton Webern (1865-1931) : Im Sommerwind, idylle pour grand orchestre. Richard Strauss (1864-1949) : Also sprach Zarathustra op. 30 ; Lieder pour orchestre : Cäcilie, op. 27/2 ; Befreit op. 39/4 ; Zueignung op. 10/1 ; Danse des sept voiles et Schlussgesang de Salome. Orchestre Symphonique de la Monnaie, direction : Hartmut Haenchen
Orchestre Symphonique de la Monnaie
Malgré une concurrence plutôt rude, le Palais des Beaux-Arts pouvait s'enorgueillir du nombre honorable d'auditeurs accueillis ce mercredi. Le copieux programme articulé autour de Richard Strauss est en effet parvenu à faire oublier, l'espace d'une soirée, la fièvre «Reine Elisabeth» de ce début de mois de mai. Au delà d'un très attractif Zarathustra, ce programme avait retenu notre attention par les débuts d'Hartmut Haenchen à la tête de l'orchestre de la Monnaie. Excellente occasion pour celui qui a dirigé le Nederlands Opera de 1986 à 1999 de profiter de son expérience lyrique pour construire sa seconde partie de concert autour de Salome, chef d'œuvre de Richard Strauss.
Hartmut Haenchen dirigera entre 2009 et 2011 les symphonies 6, 8 et 10 ainsi que le Chant de la terre dans le cadre du cycle Mahler entrepris par les orchestres belges. Il proposait ce soir un programme entièrement nourri d'un contenu littéraire. Im Sommerwind, directement inspiré du poème de Bruno Wilde projette l'auditeur dans une ode à la nature en traitant un ravissant motif mélodique à travers une large palette de couleurs orchestrales. La pièce composée par Webern avant sa rencontre décisive avec Schœnberg traduit encore largement l'esprit d'un romantisme tardif. Hartmut Haenchen convainc d'emblée par ses talents de narrateur et l'investissement d'un pupitre de cordes particulièrement lumineux.
Cela pourrait ressembler à une histoire belge mais c'est hélas une réalité : pour présenter une œuvre comme Also sprach Zarathustra, l'Orchestre Symphonique de la Monnaie ne peut compter sur le splendide grand orgue de la salle Henry Le Bœuf installé par la firme J. Stevens de Duffel. Celui-ci reste en effet muet dans l'attente d'une restauration. Il faut donc se satisfaire d'un son synthétique diffusé par des enceintes à l'allure fatiguée et snobées par l'éclat des tuyaux de l'orgue. Heureusement pour l'auditeur, l'Orchestre Symphonique de la Monnaie éclipse, dès les premières célèbres notes, cette déception. Limiter ce poème symphonique à sa seule introduction est évidemment une fâcheuse erreur, tant l'écriture de Strauss s'y montre riche et dense si l'on excepte le final, dont l'impact s'avère inversement proportionnel à celui provoqué par l'introduction de l'œuvre. L'orchestre de la Monnaie donne vie à la succession de tableaux dont on retiendra surtout la musicalité de la petite harmonie dans Le chant du tombeau ou encore le Tanzlied porté magistralement par le violoniste solo de l'orchestre.
Contrainte à renoncer à ce concert pour des raisons de santé, Eva-Maria Westbrœk a dû être remplacée par deux chanteuses afin que le programme n'ait pas à être modifié. Andrea Rost qui sera la Comtesse des Nozze di Figaro en juin prochain à la Monnaie a ainsi interprété les trois Lieders pour orchestre tandis que Nicola Beller Carbone incarnait ensuite Salomé. Par sa première interprétation de Cäcilie, Befreit et Zueignung, Andrea Rost s'avère incroyablement subtile, et ravi l'auditeur par un timbre ample. Sa diction posée et sa fraicheur naturelle sied en effet parfaitement à ce type d'ouvrage. Haenchen se montre attentif comme accompagnateur mais l'orchestre aurait gagné par moment à s'abandonner d'avantage à travers ces pages.
Le concert se terminait avec la célèbre Danse des septs voiles suivie du Schlussgesang, tous deux issus de l'opéra Salome. Nicola Beller-Carbone interprète régulièrement ce rôle avec succès (comme en témoigne la production Genevoise de février dernier) et elle fascine par sa capacité à «vivre» le personnage même dans le cas d'une version concertante. La projection de la voix n'est pas toujours aisée, mais confrontée à pareil orchestre en dehors de sa fosse, la performance de la chanteuse s'avère plus qu'honorable. Haenchen dirige sans grande prise de risque ses musiciens mais traverse ces pages avec soin et le souci évident de révéler toute la tension bouillonnant dans cette œuvre aboutissant à un final implacable. Larges applaudissements de la part d'un public conquis.
Crédits photographiques : Hartmut Haenchen © Frank Höhler
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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts, salle Henry Le Bœuf. 13-V-2009. Anton Webern (1865-1931) : Im Sommerwind, idylle pour grand orchestre. Richard Strauss (1864-1949) : Also sprach Zarathustra op. 30 ; Lieder pour orchestre : Cäcilie, op. 27/2 ; Befreit op. 39/4 ; Zueignung op. 10/1 ; Danse des sept voiles et Schlussgesang de Salome. Orchestre Symphonique de la Monnaie, direction : Hartmut Haenchen