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Paris. Grande salle du Centre Georges Pompidou, le 19.XII.2003. Vykintas Baltakas : About to drink dense clouds ; Masakuzu Natsuda : Cross-Light ; Chaya Czernowin : Winter Songs I ; Marcelo Toledo : Para el encuentro en los abismos. Maria Harpner, récitante. Ensemble Intercontemporain, direction : Gergely Vajda. Informatique musicale Ircam, assistant musical : Eric Daubresse.

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Les Tremplins de la Gloire« Tremplin 2 » : Jeunes compositeurs invités par l'Intercontemporain

La série de concerts « Tremplin », collaboration entre le Centre Pompidou, l'Ircam, l' et Radio France, est destinée à faire jouer — souvent pour la première fois en France — des œuvres de jeunes créateurs ; quels que soient leurs style, formation, école… Autant dire un pari sur l'inconnu. Félicitations donc à ces différents partenaires, qui oeuvrent pour une meilleure politique de création contemporaine en sachant prendre les risques qui s'imposent.

About to drink dense clouds du jeune compositeur lituanien (trente-et-un ans) commença cette soirée sous les meilleurs augures. Le créateur — dans un français hésitant — a présenté son œuvre, avec exemples musicaux à l'appui ; le prétexte étant l'imbrication des live électroniques avec l'ensemble instrumental, ces premiers étant traités comme partie intégrante du rendu sonore, et non comme un collage acoustique. Tout part du silence puis d'un balbutiement sur des jeux de consonnes de la récitante qui résonne peu à peu à l'orchestre. La matière sonore se densifie peu à peu, à l'image de Prologue de Gérard Grisey. L'amplification se fait progressivement, aboutissant à un climax sonore ou se mêlent instruments, voix et électronique, avant de repartir doucement vers le silence du début : la musique se délite peu à peu, le texte étant désagrégé jusqu'au jeu de consonnes initial. Œuvre inventive et dense d'un compositeur qui — vraisemblablement — est loin d'avoir livré tout son imaginaire créatif.

Cross Light du japonais s'inscrit délibérément dans l'héritage de Messiaen. Comme son titre l'indique, le compositeur reprend le « motif en forme de croix » et le varie à l'infini, procédé connu depuis la Renaissance. Le piano seul expose le thème, doublé dans ses résonances par les percussions. Peu à peu l'orchestre s'en empare, à commencer par les cuivres, pendant que les bois, utilisés dans le suraigu, enveloppent le tout dans des nappes harmoniques. La répétition du thème initial se fait incessante, avec de micro-variations rythmiques, créant ainsi une sensation d'immobilité proche du gagaku : une musique de la cour impériale du Japon faite de statisme. La densité sonore se tasse progressivement vers l'aigu, dans une dynamique de plus en plus forte, à en devenir insoutenable. Les percussions graves, tels des kotos, ces vastes tambours japonais, interrompent brutalement le discours. Le thème en croix est alors repris doucement à la flûte alto qui le varie de manière traditionnelle (renversement, rétrogradation…) avant de s'éteindre peu à peu.

Mais ce programme « Tremplin » ne se termina pas aussi bien qu'il eut commencé. A la fin de la présentation de Winter Songs I de , la compositrice israélienne conclut son exposé par : « après toutes ces explications, oubliez-les, et écoutez avec de nouvelles oreilles ». Un cache-misère pour une œuvre au ton banal, basée sur l'opposition bruit/musique, d'une totale vacuité. Quant à et son Para el encuentro en los abismos il a bien dû s'amuser à imaginer ce vaste ensemble instrumental utilisant les outils de travail à contresens. Les jeux de timbres nés de l'imbrication de sons soufflés des vents (les hautbois et clarinettes sont joués sans anches) sont certes inventifs — mais engendrent peu à peu une certaine monotonie, peu compensée par le spectacle de ces musiciens manipulant leurs instruments dans tous les sens : cordes de la harpe ou du piano grattées avec une cuillère, trombone et tuba bouchés par du papier-bulle, cordes frottées faisant tournoyer leurs archets dans les airs…

Comme à l'accoutumée, l' excella ; ainsi que son (très) jeune chef d'orchestre , âgé de tout juste trente ans.

Crédit photographique : (c) DR

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