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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. 25-II-2009. Wolfang Amadeus Mozart (1756-1791) : Le Nozze di Figaro, opéra en quatre actes sur un livret de Lorenzo Da Ponte. Mise en scène : Jean-Louis Martinoty ; costumes : Sylvie de Segonzac ; décors : Hans Schavernoch ; lumières : Fabrice Kebour ; chorégraphie : Cooky Chiapalone. Avec : Vito Priante, Figaro ; Olga Peretyatko, Susanna ; Pietro Spagnoli, il Conte Almaviva ; Maija Kovalevska, la Contessa Almaviva ; Anna Bonitatibus, Cherubino ; Antonio Abete, Bartolo ; Sophie Pondjiclis, Marcellina ; Jean-Paul Fouchécourt, Don Basilio ; Amanda Forsythe, Barbarina ; Davide Pelissero, Antonio ; Serge Goubioud, Don Curzio. Chœur du Théâtre des Champs-Elysées (chef de chœur : Philip White), Les Musiciens du Louvre-Grenoble, direction : Marc Minkowski.
Enfin un metteur en scène d'opéra qui ose faire du théâtre ! Introduire des pauses, des silences interloqués, mais aussi de la vie, des rires, le bruissement d'une conversation. La production de Jean-Louis Martinoty est bien connue, le Théâtre des Champs-Elysées en donnant cet hiver la quatrième série de représentations depuis la création en 2001.
Cette nouvelle reprise se justifie pleinement tant Martinoty propose une vraie direction d'acteurs et prend le risque de montrer autre chose. Autre chose qu'une comtesse placide et évanescente qui excite au mieux une sympathie condescendante, au pire la pitié. Chez Martinoty, la Contessa d'Almaviva se souvient qu'elle était encore il n'y a pas si longtemps la simple Rosina. Il la peint vindicative – certes elle n'était pas obligée de se rouler par terre – jeune, proche de Susanna. La complicité des femmes est mise en évidence, encore renforcée par la cohésion des femmes auxquelles s'adresse Marcellina lorsqu'elle dit vouloir défendre Susanna parce qu'elle la croit innocente, et que même si elle ne l'était pas, «toute femme est portée à défendre / ses malheureuses compagnes, / si injustement opprimées par ces hommes ingrats !», ces hommes tous résumés en la personne du Comte, qui a vite oublié Rosina et la reconnaissance qu'il doit à Figaro.
Maija Kovalevska prête sa jeunesse à ce personnage central dans la vision de Martinoty et fait ainsi de très séduisants débuts parisiens. Le reste de la distribution est homogène. Ce n'est plus le plateau de l'enregistrement de référence de René Jacobs, mais cette nouvelle équipe pétille d'entrain et de jeunesse. Vito Priante est juste et efficace, bien qu'un rien monochrome. Olga Peretyatko est une très belle Susanna au timbre corsé et fruité. On ne présente plus Pietro Spagnoli dans les rôles mozartiens. En habitué des lieux (Don Alfonso il y a peu), il retrouve pour la troisième fois cette production qu'il a créée, avec sa prestance coutumière, tant vocale que scénique. Mais des cinq personnages qui gravitent au cœur de l'action de cette folle journée, on retiendra surtout le formidable Cherubino d'Anna Bonitatibus. Tout y est : deux airs superbement interprétés, le délicat balancement entre grandiloquence de cliché («All'acqua, all'ombra, ai monti») et désarroi du jeune page amoureux de l'amour et qui se croit forcément incompris («Parlo d'amor con me»), la gaucherie de l'adolescent troublé par ses sentiments naissants et la fierté du jeune coq, «farfallone amoroso». Sophie Pondjiclis est une Marcellina très savoureuse, une belle intrigante fine mouche qui lance avec humour «Il capro e la capretta», air trop souvent coupé, tandis que Jean-Paul Fouchécourt rend justice à celui de Don Basilio, «In quegl'anni in cui val poco».
La distribution est séduisante jusque dans les petits rôles – charmante Barbarina d'Amanda Forsythe et tout aussi convaincants Bartolo, Curzio et Antonio. La scénographie est simple et élégante : un grand cadre à la symétrie malmenée et une riche iconographie XVIIIe pour former des panneaux et abriter Cherubino ou Susanna. Les Musiciens du Louvre ne sont pas Concerto Köln mais l'ensemble fait du bon travail, la lecture est preste mais non brouillonne, et n'étaient quelques décalages, on chercherait en vain les défauts de cette charmante production !
Crédit photographique : Olga Peretyatko (Susanna), Maija Kovalevka (la Contessa Almaviva), Pietro Spagnoli (Il Conte Almaviva) ; Anna Bonitatibus (Cherubino), Maija Kovalevka (la Contessa Almaviva) © Alvaro Yañez
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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. 25-II-2009. Wolfang Amadeus Mozart (1756-1791) : Le Nozze di Figaro, opéra en quatre actes sur un livret de Lorenzo Da Ponte. Mise en scène : Jean-Louis Martinoty ; costumes : Sylvie de Segonzac ; décors : Hans Schavernoch ; lumières : Fabrice Kebour ; chorégraphie : Cooky Chiapalone. Avec : Vito Priante, Figaro ; Olga Peretyatko, Susanna ; Pietro Spagnoli, il Conte Almaviva ; Maija Kovalevska, la Contessa Almaviva ; Anna Bonitatibus, Cherubino ; Antonio Abete, Bartolo ; Sophie Pondjiclis, Marcellina ; Jean-Paul Fouchécourt, Don Basilio ; Amanda Forsythe, Barbarina ; Davide Pelissero, Antonio ; Serge Goubioud, Don Curzio. Chœur du Théâtre des Champs-Elysées (chef de chœur : Philip White), Les Musiciens du Louvre-Grenoble, direction : Marc Minkowski.