Éditos

Le bal des amateurs, un coup à droite, un coup à gauche

 

Pendant les cinq années de la précédente mandature, les nominations à la tête des grands équipements culturels n’ont cessé d’étonner. On se souvient de Georges-Marc Benamou à la Villa Médicis (où il n’est finalement jamais allé), du succès de Laurent Langlois à l’Auditorium-Orchestre national de Lyon, des « performances » de Jean-Paul Scarpitta à l’Orchestre Opéra national de Montpellier (83% de défiance suite à un vote du personnel), du virage à 180° infligé à l’Opéra national de Paris depuis la nomination de Nicolas Joël ou de l’éviction d’Olivier Py du Théâtre de l’Odéon pour cause de crime de lèse-ministre. Sans parler des autres valses-hésitations – Macha Makeïeff à l’Opéra de Marseille sans en référer à la municipalité par exemple.

Cela allait-il changer avec le changement maintenant ? Rien n’est moins sur… Le successeur de Frédéric Mitterrand à la Villa Médicis, Eric de Chassey, avait commencé fort, dans l’esprit du pouvoir en place en 2009. Déjà la suppression de deux postes de compositeurs en résidence au profit d’artistes – excellents au demeurant – issus des variétés ou nouvelles technologies ; c’est oublier que nombre de compositeurs contemporains sont aujourd’hui à la croisée des chemins musicaux. Mais il fallait un coup d’éclat et vouloir renverser un establishment qui n’existe pas.

La programmation musicale de la Villa a aussi été ripolinée, pas nécessairement pour le meilleur : hormis des concerts réguliers de musique baroque et la venue chaque année de l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris (de l’opéra en Italie, quelle riche idée, ils ne doivent pas connaître ça là bas…), le directeur a décidé de remplacer les ensembles de musique contemporaine par des programmes plus « funs », comme le Traffic Quintet ou le festival « Villa aperta », « entièrement dédié aux musiques actuelles et modernes ».

Dernièrement, une série de vols, un mur écroulé, un article au vitriol dans le quotidien romain « La Reppublica » et l’abandon du projet « Pissaro-Montfermeil » qui visait à créer une antenne de la Villa en Seine-Saint-Denis, ont fini d’achever les chances d’Eric de Chassey d’être reconduit à la Villa Medicis. Scoop ! Par la grâce non pas de ses faits d’armes, assez contestables, mais d’une intervention de la « Première Compagne», Valérie Trierweiler, le voici reconduit, alors qu’Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture, lui cherchait un remplaçant. La nouvelle nous est parvenue par un article du « Canard enchaîné » du 26 septembre dernier. Curieusement cet été un article à la gloire du directeur de la Villa Médicis est paru sur Paris-Match…

Les vieilles habitudes ne se perdent donc pas. Pour le culturel et surtout pour les nominations aux hauts postes culturels, le changement, ce n’est pas pour maintenant.

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