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A Genève Neeme Järvi fait parler son expérience

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Genève. Victoria Hall. 11-IX-2012. Richard Strauss (1864-1949). Tod und Verklärung. Gustav Mahler (1860-1911) : Das Lied von der Erde. Thomas Hampson (baryton), Peter Groves (ténor). Orchestre de la Suisse Romande. Direction : Neeme Järvi

Remplaçant le partant Marek Janowski à la tête de l', offrait sa première prestation sur le podium de directeur artistique de la phalange romande.

Les derniers concerts de l' avaient forgé nos oreilles au son que cet orchestre avait acquis pendant les années de travail accompli par le chef allemand. Un orchestre avec un son, un phrasé, une densité orchestrale, une dentelle des pupitres qui devenait reconnaissable. Les chefs invités comme Vasily Petrenko ou Sylvain Cambreling se régalaient de la souplesse musicale de l'OSR.

C'est donc d'un instrument orchestral de qualité dont hérite aujourd'hui . Ce baptême du feu de son premier concert devant l'orchestre romand s'avère néanmoins un peu décevant. Faisant parler son expérience plutôt que la musique, dès les premiers accords de Mort et tranfiguration de , l'orchestre sonne sans brillant. Comme si le chef estonien avait cherché à éteindre le feu qui est prêt à jaillir de l'ensemble. Les toutes premières mesures laissent entendre quelques légères et inhabituelles imprécisions des cuivres que l'immense expérience du chef a tôt fait de réprimer. Il conduit alors le poème symphonique de Strauss à grands renforts de masses orchestrales. On attend l'émotion. Elle ne vient malheureusement pas. Plus d'étincelles, plus de surprises. Tout semble lourd, comme noyé dans une gangue musicale.

En seconde partie, si le premier chant des Chants de la Terre est envoyé avec une débauche sonore désespérant le ténor américain Peter Grooves qui tentait tant bien que mal (plutôt bien avec un phrasé magnifiquement lyrique et des aigus amenés avec de très beaux legato) de projeter sa voix au-dessus de la débauche sonore de l'orchestre, il aura fallu attendre le dernier chant de pour que la voix de , habitée, s'impose en patron de cet Abschied final. Seul instant où l'émotion était présente.

Pour une première apparition, on peut comprendre que la nouveauté d'un orchestre puisse déstabiliser son chef. Si dans un orchestre, le chef est le chef, il est toutefois à espérer que s'emploiera à se rendre compte de la fragilité de l'instrument orchestral qu'il a reçu. Sans doute que son expérience le conduira à découvrir petit à petit le bijou que l' est devenu et qu'il profitera de la beauté de ses pupitres pour que la musique sorte vainqueur de ses prochains concerts. Neeme Järvi dispose d'une si grande expérience de la direction d'orchestre qu'il n'a plus rien à prouver. Cela devrait lui laisser la place pour la fantaisie, l'imprévu, la folie, le génie !

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