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Une Dame importée de Riga

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Luxembourg. Grand Théâtre. 16-I-2009. Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) : La Dame de pique, opéra en trois actes sur un livret de Piotr et Modeste Tchaïkovki. Mise en scène : Andrejs Žagars. Décors : Alexander Orlov. Costumes : Kristine Pasternaka. Lumières : Gleb Fishtinsky. Chorégraphie : Elita Bukovska. Avec : Maksim Aksenov, Hermann ; Elena Nebera, Lisa ; Liubov Sokolova, la comtesse ; Samsons Izjumovs, le comte Tomsky ; Kristine Zadovska, Pauline  ; Janis Apeinis, le prince Yeletsky, Viesturs Jansons, Chekalinsky ; Krišjãnis Norvelis, Surin. Chœur de l’Opéra National de Lettonie, Chœur d’enfants de la cathédrale de Riga, Orchestre Philharmonique du Luxembourg, direction : Kirill Karabits

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Déjà présentée au Grand-Théâtre de Bordeaux en novembre 2005, cette production plutôt décapante, que l'on doit au metteur en scène letton Andrejs Žagars, revisite entièrement le chef-d'œuvre de Tchaïkovki.

Située dans une Saint-Pétersbourg des temps modernes, la mise en scène importée de Riga montre en effet au public un Hermann récemment embauché par les services de sécurité de l'État, et ayant pour mission d'infiltrer le milieu assez peu recommandable des «nouveaux Russes» nouveaux riches, plus ou moins mafieux ; la comtesse, qui vient de réintégrer le vieux palais dans lequel elle a passé son enfance avant de fuir son pays en 1917, a pu grâce à ses relations avec Tomsky, «promu» dans ce concept agent immobilier, partiellement réintégrer son ancienne demeure, transformée après la Révolution en hôpital du personnel du ministère de l'Intérieur ; Hermann ne lit plus la lettre de Lisa au troisième acte, mais écoute le message de cette dernière sur son répondeur ; de même, c'est sur son écran de télévision qu'il a, dans ses délires, la vision de la vielle comtesse venue nuitamment lui révéler le secret des trois cartes ; c'est également, autre vision d'horreur, le visage de la vieille femme qui s'imprime sur les machines à sous du dernier tableau… Si l'ensemble de la mise en scène s'avère plutôt convaincant – il est néanmoins conseillé de lire le texte de cadrage proposé dans le programme… – on pourra trouver ridicules certaines images, comme par exemple celle de l'apparition au deuxième acte d'une Miss Saint-Pétersbourg, venue remplacer celle normalement prévue de l'impératrice Catherine II…

Peu importe, finalement, que la transposition soit opérante ou non – globalement, elle l'est – vu que, de toute manière, c'est dans la direction d'acteurs que réside la force du travail d'Andrejs Žagars. Essentiellement centré sur le triangle Hermann/Lisa/La comtesse, et surtout autour de l'attachant couple formé par les deux jeunes amoureux, le jeu scénique est d'une grande subtilité et rend tout à fait convaincants les émois et les troubles psychologiques des personnages. Le ténor Maksim Aksenov, doté d'une solide voix également capable de belles nuances – une carrière à suivre – est particulièrement à l'aise, vocalement et physiquement, dans le rôle d'Hermann, personnage manipulateur et tout à fait détestable qu'il parvient néanmoins à rendre touchant et attachant. De même, dans le rôle de Lisa, Elena Nebera réussit parfaitement à traduire la complexité et l'ambiguïté d'un personnage qui semble à tout moment conscient des errements et des errances vers lesquels elle se voit entraînée. De façon générale, hormis les deux protagonistes, aucune des voix réunies sur le plateau ne se détache particulièrement, l'ensemble de la distribution se caractérisant par une grande homogénéité vocale et scénique qui fait plutôt fait honneur à la troupe de l'opéra de Riga. De même, les chœurs sont d'un excellent niveau, avec une mention particulière pour les enfants de la maîtrise de la cathédrale de Riga. À la tête de l', le chef propose une lecture passionnée d'une partition dont il fait ressortir à tout moment l'extraordinaire modernité. Un spectacle qui intéressera au plus haut point les amoureux d'un des plus beaux chefs-d'œuvre de Tchaïkovski.

Crédit photographique : © Opéra National de Lettonie

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Luxembourg. Grand Théâtre. 16-I-2009. Piotr Illitch Tchaïkovski (1840-1893) : La Dame de pique, opéra en trois actes sur un livret de Piotr et Modeste Tchaïkovki. Mise en scène : Andrejs Žagars. Décors : Alexander Orlov. Costumes : Kristine Pasternaka. Lumières : Gleb Fishtinsky. Chorégraphie : Elita Bukovska. Avec : Maksim Aksenov, Hermann ; Elena Nebera, Lisa ; Liubov Sokolova, la comtesse ; Samsons Izjumovs, le comte Tomsky ; Kristine Zadovska, Pauline  ; Janis Apeinis, le prince Yeletsky, Viesturs Jansons, Chekalinsky ; Krišjãnis Norvelis, Surin. Chœur de l’Opéra National de Lettonie, Chœur d’enfants de la cathédrale de Riga, Orchestre Philharmonique du Luxembourg, direction : Kirill Karabits

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