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Paris. Opéra de Paris, Palais Garnier. 11-II-02. Jean-Philippe Rameau : Platée. Paul Agnew, Mireille Delunsch, Yann Beuron, Vincent Le Texier, Doris Lamprecht, Laurent Naouri, Valérie Gabail, Franck Leguérinel. Orchestre et Chœur Les Musiciens du Louvre-Grenoble. Direction : Marc Minkowski. Mise en scène et costumes : Laurent Pelly. Décors : Chantal Thomas. Chorégraphie : Laura Scozzi. Lumières : Joël Adam.
Il est des soirées dont on se souvient parce que tout s'est déroulé à la perfection, au point que l'on en oublie le quotidien, notamment ses préjugés, tant le spectacle est réussi, tout semblant couler de source. Telle a été la première de la reprise de Platée de Jean-Philippe Rameau au Palais Garnier dans la production donnée pour la première fois en avril 1999.
Cet ouvrage, créé à La Grande Ecurie de Versailles le 31 mars 1745 à l'occasion du mariage du Dauphin et de l'Infante d'Espagne, a fait ce jour-là l'effet d'une petite révolution. Car, outre le fait que l'on y raillait une vieille nymphe campée par un homme devant une jeune mariée que la nature avait peu favorisée, on y voyait pour la première fois un ouvrage jouant délibérément la carte du burlesque, alors même que la tragédie lyrique était encore le modèle obligé du théâtre musical. Car Platée est en fait un immense pastiche du théâtre lyrique français, l'opéra se moquant ici de lui-même, l'apogée étant atteint dans un réjouissant air de La Folie, qui aligne tous les poncifs du genre. L'amour et ses différents états y est également raillés, puisqu'il s'agit du sujet favori de l'opéra. Signant une musique particulièrement figurative, Rameau n'aura jamais été aussi en verve d'inventivité que dans cet ouvrage, qui porte en germes le romantisme, l'expressionnisme ou autre impressionnisme. Mis en scène par Laurent Pelly, Platée a tout d'une fable de La Fontaine, mêlant naturalisme et humanisme, avec cette histoire grenouille éprise de Jupiter que la jalouse Junon poursuit de sa vindicte, et dont le Parnasse et la terre en leur entier se moquent. La scénographie enchaîne les gags et ménage constamment la surprise, les costumes sont splendides. Seule réserve, un décor lourd et malcommode qui renvoie au public la salle du Palais Garnier dans laquelle il est assis, mais finit par imploser et disparaître dans le finale. La chorégraphie est foisonnante, pleine d'humour, jamais ennuyeuse ni redondante, la direction de Marc Minkowski enlevée, imagée, ludique, ménage de belles plages de poésie et de nostalgie, l'Orchestre Les Musiciens du Louvre-Grenoble fait un sans faute, truculent et plein d'allant. Quant à la distribution, elle s'avère un modèle de chant, de tenue, d'expression, d'articulation. Paul Agnew, timbre de grâce, voix légère, rayonnante, malléable à souhait, inépuisable, est une éblouissante Platée, Mireille Delunsch propose un véritable moment d'anthologie dans le rôle de La Folie, rivalisant de malice avec Marc Minkowski qui lui laisse un temps la direction musicale avant qu'elle n'effeuille sa robe faite de pages de partition tout en enchaînant les vocalises avec un bonheur sans faille. Yann Beuron (Thepsis, Mercure), Vincent Le Texier (Jupiter), Laurent Naouri (Cithéron, un satyre) et Franck Leguérinel (Monus) sont tout aussi remarquables.
Crédit photographique : Franck Leguerinel (Momus), Mireille Delunsch (La Folie), Paul Agnew (Platée), Laurent Naouri (Citheron) & Vincent Le Texier (Jupiter) © Opéra national de Paris
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Paris. Opéra de Paris, Palais Garnier. 11-II-02. Jean-Philippe Rameau : Platée. Paul Agnew, Mireille Delunsch, Yann Beuron, Vincent Le Texier, Doris Lamprecht, Laurent Naouri, Valérie Gabail, Franck Leguérinel. Orchestre et Chœur Les Musiciens du Louvre-Grenoble. Direction : Marc Minkowski. Mise en scène et costumes : Laurent Pelly. Décors : Chantal Thomas. Chorégraphie : Laura Scozzi. Lumières : Joël Adam.