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Paris. Théâtre de la Ville. 12-XI-2008. Jeanne Balibar, Boris Charmatz : La Danseuse malade. Chorégraphie : Boris Charmatz. Textes : Tatsumi Hijikata (1928-1986). Traduction : Patrick De Vos. Lumières : Yves Godin. Son : Olivier Renouf. Décor : Alexandre Diaz, Dominique Bernard. Avec Jeanne Balibar et Boris Charmatz.
Ultra-conceptuel, un étrange et fascinant duo véhiculé par le chorégraphe Boris Charmatz et la comédienne Jeanne Balibar, qui dit un texte de Tatsumi Hijikata, père fondateur du butô.
Pompier pyromane, Boris Charmatz fait éclater un pétard, protégé des pieds à la tête. Se dévêtant, il révèle un corps recouvert de cendres, nu sous un tablier de cuir gris, discrète allusion aux codes du butô, cette danse des ténèbres née au Japon à la fin des années 1950. Seule source lumineuse, les phares d'un camion téléguidé comme une auto-tamponneuse, que Jeanne Balibar conduit mollement en débitant un long monologue enrhumé signé Tatsumi Hijikamata, intitulé « La Danseuse malade ». On n'est pas loin de l'hyper-réalisme des metteurs en scène Philippe Quesne ou Christoph Marthaler, qui n'hésitent pas, eux aussi, à faire monter sur scène des objets du quotidien, aussi volumineux soient-ils.
Après une demi-heure de patience, qui permet – si l'on est suffisamment attentif – de découvrir la langue riche et poétique de ce pionnier du butô qu'était Tatsumi Hijikata, l'intérieur du camion devient lui aussi une scène. D'abord cachée, puis dévoilée par les images qu'une caméra embarquée projette sur les surfaces blanches du véhicule. Boris Charmatz y relaie la voix de Jeanne Balibar disant Hijikata. En de multiples contorsions spectaculaires, il la rejoint enfin dans la cabine pour un enchevêtrement indescriptible et lumineux.
Avec ce spectacle, Boris Charmatz fait plus que jamais œuvre plasticienne, retrouvant toute une génération de chorégraphes et de metteurs en scène radicaux que l'on est plus accoutumé à voir au Théâtre de la Bastille ou à la Ménagerie de Verre. Il n'hésite pas, par exemple, à « emprunter » un chien à Philippe Quesne ou un sweat-shirt noir à capuche à Christian Rizzo ou à Gisèle Vienne pour le solo final de la dame Balibar. Le tout est cependant passablement fumeux !
Crédits photographiques : Photo 1 : Jeanne Balibar et Boris Charmatz «© Fred Kinh. Photo 2 : Jeanne Balibar et Boris Charmatz © Sima Khatami
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Paris. Théâtre de la Ville. 12-XI-2008. Jeanne Balibar, Boris Charmatz : La Danseuse malade. Chorégraphie : Boris Charmatz. Textes : Tatsumi Hijikata (1928-1986). Traduction : Patrick De Vos. Lumières : Yves Godin. Son : Olivier Renouf. Décor : Alexandre Diaz, Dominique Bernard. Avec Jeanne Balibar et Boris Charmatz.