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Paris, Maison de la Radio – salle Olivier Messiaen. 11-X-2008. Giuliano D’Angiolini (né en 1960) : Orizzonte fisso, bordoni mobili (création mondiale). Thierry Escaich (né en 1965) : Exultet. Bernard Cavanna (né en 1951) : Trois strophes pour Patrice Lumumba (création mondiale) ; Messe, un jour ordinaire. Isa Lagarde et Rayanne Dupuis, sopranos ; Tyrone Landau, ténor ; Hélène Desaint, alto ; Mathias Lecomte, orgue ; Jonas Vitaud, piano ; ensemble vocal Sequenza 9. 3 ; Ensemble 2e2m ; direction : Catherine Simonpietri, Pierre Roullier.

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Festival Présences 2008 / 09

Pour sa rentrée parisienne, l', que l'on a désormais l'habitude d'entendre à l'auditorium du CRR de Paris où il est en résidence, était l'invité du Festival Présences à la Maison de la Radio pour ce premier week-end de créations musicales.

En ouverture de ce concert, la première mondiale de Orizzonte fisso, bordoni mobili de Giuliano d'Angiolini nous convie à une expérience d'écoute un rien insolite. Diffusant en continu les bruits d'un environnement naturel et polluant – celui de la rue – enregistrés sur support audio («les bourdons mobiles»), le compositeur nous invite à l'écoute sélective du son («horizon fixe») émanant des huit sources instrumentales spatialisées qui viennent s'inscrire en surimpression dans ce paysage sonore. Entendus séparément dans de longs solos extatiques, les timbres vont ensuite fusionner pour créer des alliages très raffinés suggérant parfois les faisceaux colorés de l'orgue à bouche «shô».

Mis à l'honneur dans ce concert où deux de ses œuvres étaient jouées, n'était cependant pas dans le public ce soir ; il avait tenu à se rendre aux obsèques de son professeur et ami décédé le 3 octobre dernier ; dans un message profondément humain, touchant mais aussi militant, qu'il adressait aux artistes et à l'auditoire, il rappelait l'existence difficile de ce compositeur roumain forcé de s'exiler en Allemagne et injustement négligé par le monde musical.

Suivait immédiatement la création des Trois strophes pour Patrice Lumumba, une pièce où Cavanna engage là encore sa parole d'artiste pour dénoncer cette fois la barbarie. Ecrite pour l'altiste Hélène Desaint, l'effectif instrumental est pensé en fonction du timbre de l'alto que le compositeur sertit de coloris instrumentaux très astucieusement sélectionnés : deux contrebasses de part et d'autre d'une harpe, une percussion «mate» et une viole de gambe au premier plan dispensant son halo de résonances. D'une manière qui lui est assez familière, Cavanna débute la pièce dans une tension extrême que la soliste – éblouissante Hélène Dessaint – jouant d'abord en pizzicatti, va entretenir et développer avec frénésie sous son archet virtuose. Les timbres jusque-là amalgamés peu à peu se désolidarisent et font valoir leur individualité jusqu'à ce que l'alto reprenne la conduite du discours dans un thrène final très émouvant concentrant l'écoute au cœur du son, généreux et consolateur.

Associé à l'orgue, au piano et à la percussion, l'ensemble vocal Sequenza 9. 3 (douze voix solistes) interprétait ensuite Exultet de , une œuvre jouant sur l'énergie et la scansion rythmique des mots que la direction très autoritaire de rigidifie jusqu'à la caricature.

On retrouvait Sequenza 9. 3 en seconde partie de concert où il s'était joint aux musiciens de 2e2M pour donner la seconde pièce de , Messe, un jour ordinaire, un des sommets de l'œuvre du compositeur s'inspirant d'un documentaire du cinéaste , Galères de femmes. Cette fausse messe – le rituel liturgique y est tourné en dérision – dénonce la violence et la monstruosité d'une collectivité – le chœur écorchant le latin – menée par des leaders aveuglés de pouvoir – et en «divi» quasi hystériques – face à Laurence ; ancienne droguée sortant de prison – touchante en chaussettes et salopette – elle revendique juste le droit d'exister avec ses mots à elle et un «parlé chanté» très direct qui déchaîne les réactions «bel cantistes» de ses partenaires. A la tête de cet ensemble hautement coloré – l'orgue y hurle avec le chœur aux côtés des trois accordéons et de la fanfare des cuivres – Pierre Roulier tient fermement la barre de ce «bateau ivre» menacé par la submersion sonore dont il gère au mieux l'équilibre jusqu'à l'éloquent solo de violon – merveilleux – qui cloue le bec à l'assemblée pour laisser la voix de Laurence à découvert dans une tension tragique suffocante.

Crédit photographique : © DR

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