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C’est l’une des baguettes les plus passionnantes du moment et l’un des musiciens préférés du public. Iván Fischer, fondateur et directeur musical du Budapest Festival Orchestra ne cesse d’aligner les succès au concert et au disque. Alors qu’il dirige Parsifal à Amsterdam, il lève pour ResMusica le voile sur ses recettes.
C'est l'une des baguettes les plus passionnantes du moment et l'un des musiciens préférés du public. Iván Fischer, fondateur et directeur musical du Budapest Festival Orchestra ne cesse d'aligner les succès au concert et au disque. Alors qu'il dirige Parsifal à Amsterdam, il lève pour ResMusica le voile sur ses recettes.
ResMusica : Vous obtenez une ovation après chaque concert ! Vos musiciens sont heureux ! Quel est votre secret?
Iván Fischer : C'est une question difficile! Je n'ai pas du tout de secret ! Toute ma concentration est destiné à la musique et à aider mes musiciens à s'exprimer d'une manière commune. J'aime la musique et je pense que mes membres de l'orchestre l'aiment aussi et nous voulons partager ce moment avec les auditoires. Nous pensons que la musique est une source de joie.
RM : Contrairement à de nombreux orchestres, le Budapest Festival Orchestra possède son propre son, comment avez-vous réussi à forger cette identité sonore?
IF : Au lieu de se baser uniquement sur le son, il faut se concentrer sur la musicalité et les différents styles de la musique. Il y a beaucoup de sortes de « son » et nous aimons jouer avec une grande variété d'esthétiques sonores. Nous limiter à une seule couleur orchestrale serait ennuyeux ! Mais si vous suivez le sens de la musique, le son découlera naturellement de votre implication et le résultat sera toujours beau.
RM : Vous dirigez Beethoven avec l'Orchestre du Siècle des Lumières (OAE) ainsi qu'avec de votre propre Budapest Festival Orchestra (BFO). Quelle est votre approche avec ces deux orchestres?
IF : L'Orchestre de l'âge des lumières joue sur instruments d'époque et de le BFO sur des instruments modernes. Cependant, il y a une similitude entre les deux groupes. Tous les deux jouent avec une liberté, un engagement total et un grand sens de la créativité. Je considère que ces qualités sont plus importantes que le choix des instruments. J'aime les instruments d'époque, ils peuvent parfaitement convenir à la musique, mais seulement quand ils sont entre des mains créatives.
RM : Le mot tradition signifie encore quelque chose pour vous?
IF : Oui, la tradition est la transmission du savoir, du style et des leçons de l'histoire. On ne devrait pas faire l'erreur de refuser les conseils hautement expérimentés de l'ancienne génération parce que l'on pense qu'il faut faire table rase du passé ! La créativité est grande, mais l'apprentissage est également très utile ! En fin de compte, c'est la connaissance de la tradition qui permet la créativité.
« Je suis optimiste. Dans chaque génération, il y a des gens avec des oreilles avisées et du bon goût »
RM : Aujourd'hui, il y a toutes sortes d'approches de la musique de Mahler : l'analytique ou la tourmenté…Votre lecture semble être synthétique : les pupitres sont lisibles mais vous impulsez une énergie incroyable à votre orchestre. Comment positionnez-vous votre démarche mahlérienne?
IF : Parmi les compositeurs, Mahler est très personnel ! On le retrouve expressif et presque dangereusement honnête. Il expose sa propre âme comme personne d'autre. Pour interpréter sa musique la meilleure méthode consiste à se confronter à ses désirs, à ses doutes et à ses peurs. On a besoin de pénétrer sa personnalité. Mahler est comme un livre ouvert, tout est dans ses symphonies !
RM : A Budapest, vous menez différents projets pour ouvrir l'orchestre sur la cité et vers tous les publics ? Pouvez-vous nous en dire plus sur ces différents projets ?
IF : Nous faisons de la musique pour les citoyens. Les gens ont besoin de musique pour s'élever, pour être inspirés. Nous jouons de la musique pour tous les groupes d'âge, pour les petits enfants, pour les étudiants et pour les adultes. Telle est notre mission.
RM : Quel est le rôle d'un orchestre dans la société du XXIe siècle ?
IF : Au XVIIIème siècle un orchestre servait l'aristocratie en fournissant des occasions festives. Au XIXème siècle un orchestre était le symbole des citoyens, de la foule qui avait prise d'assaut la Bastille. Au XXème siècle le chef d'orchestre est devenu important, semblable aux tyrans des régimes autoritaires ! Maintenant, nous devons savoir quelle est la nouvelle identité. Je pense que l'orchestre moderne est une «équipe», comme une équipe de football ou une société entreprise performante.
RM : Comment voyez-vous l'avenir de la musique classique?
IF : Je suis optimiste. Dans chaque génération, il y a des gens avec des oreilles avisées et du bon goût.
RM : Vous avez changé de firme de disque. Vous êtes passés de Philips à Channel Classics ? Quels sont les avantages de ce partenariat avec un label plus modeste qui ne fait pas partie d'une multinationale ?
IF : Les gens achètent moins de CD car il est facile de copier ou de télécharger. Ainsi, le cœur de la musique classique s'est déplacé des grandes entreprises, qui ont des difficultés à financer leurs frais généraux, à d'enthousiastes petites structures. Channel Classics fait un excellent travail, les disques sont publiés avec un grand soin éditorial et technique. Nos choix de répertoire sont basés sur les décisions artistiques et non sur des applications de principes de marketing ! C'est essentiel !
RM : le BFO semble ignorer la crise. Encore une fois, quelle est la recette « Iván Fisher »?
IF : Tout simplement un idéalisme intransigeant !
Crédits photographiques : Marco Borggreve
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C’est l’une des baguettes les plus passionnantes du moment et l’un des musiciens préférés du public. Iván Fischer, fondateur et directeur musical du Budapest Festival Orchestra ne cesse d’aligner les succès au concert et au disque. Alors qu’il dirige Parsifal à Amsterdam, il lève pour ResMusica le voile sur ses recettes.