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Saint-Guilhem-le-Désert. Chapelle des Pénitents. 23-VIII-2008. Jean de La Bruyère (1645-1896) : Les caractères. Musiques de Marin Marais (1656-1728) ; Sainte-Colombe le Fils (1660-1720) ; Robert de Visée (1658-1725). Benjamin Lazar, comédien metteur en scène ; L’ensemble La Rêveuse. Florence Bolton, viole de gambe ; Benjamin Perrot, théorbe.
9èmes rencontres musicales de Saint-Guilhem-le-Désert.
Le festival de St. Guilhem avait été enthousiasmé par le précédent spectacle de Benjamin Lazar : L'Autre Monde, ou les Estats et Empires de la Lune et, attendait son retour avec impatience. C'est sans masque et sans maquillage que le jeune prodige a convoqué le théâtre et la musique pour un spectacle total d'un peu plus d'une heure. Les textes de La Bruyère sont forts, audacieux et modernes, d'autant plus que la diction propose une recréation de la langue française déclamée au XVIIe siècle. La galerie de portraits convoquée est irrésistible et y reconnaître ses contemporains, et une part de soi, est pour le moins troublant. La diction de Benjamin Lazar est totalement convaincante et son habilité scénique proche du mime est extraordinaire. Avec une économie de moyens remarquable le public a vu et entendu vivre les caractères proposés. A entendu et a également admiré car la parole de Benjamin Lazar est musique autant que peinture. Mais ce qui est aussi étonnant c'est que ses complices de La Rêveuse, Florence Bolton à la viole de gambe et Benjamin Perrot au théorbe sont narrateurs et peintres autant que musiciens. Les courts extraits de superbes pièces musicales ont été un enchantement. Tour à tour ils relançaient la réflexion, assuraient une détente, appuyaient le trait ou prolongeaient le rêve. La délicatesse du jeu de Florence Bolton lui permet d'obtenir de sa viole des sonorités proche de la confession d'une âme. La dynamique et l'énergie du théorbe de Benjamin Perrot est une merveille. L'enchaînement parfaitement huilé des textes et de la musique fait un tout. Une même intelligence sensible semble mise au service de l'étude de l'humanité éternelle, à travers l'écoute du caractère des autres en créant un très grand moment d'intense conscience de la beauté, de la misère et de la fragilité de l'Homme. Une construction poétique bouleversante en sa totale fusion de la musique des mots, et des mots contenus dans la musique. Le public serré dans la toute petite chapelle bondée, simplement éclairée à la seule lumière des bougies, conscient de son immense chance, a fait un triomphe aux artistes qui ont généreusement offert deux bis, un autre caractère de La Bruyère et… un caractère plus contemporain de… Boris Vian et en chanson ! Quels artistes !!
Crédit photographique : photo © DR
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Saint-Guilhem-le-Désert. Chapelle des Pénitents. 23-VIII-2008. Jean de La Bruyère (1645-1896) : Les caractères. Musiques de Marin Marais (1656-1728) ; Sainte-Colombe le Fils (1660-1720) ; Robert de Visée (1658-1725). Benjamin Lazar, comédien metteur en scène ; L’ensemble La Rêveuse. Florence Bolton, viole de gambe ; Benjamin Perrot, théorbe.